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Le talon d’Achille de l’Etat Hébreu : Les prises d’otages qui ont traumatisé Israël (rétrospective)

Dans l’histoire juive, les prises d’otages remontent à l’Egypte pharaonique et marquent de façon chronique l’histoire de la Diaspora. Depuis l’épisode de Binyamin dans la Torah (Gn 42,16-24), jusqu’à Gilad Shalit, devenu un symbole de tout un peuple au XXIe siècle, l’otage reste une figure aimée autant que redoutée. Aimée car elle montre l’humanité des Juifs prêts à récupérer, quoi qu’il en coûte, les leurs ; redoutée car elle impose des choix cornéliens, parfois regrettables.
Le talon d'Achille de l'Etat Hébreu : Les prises d’otages qui ont traumatisé Israël (rétrospective)

Le Judaïsme considère comme un commandement d’une extrême importance le rachat des prisonniers, dont la condition — dit le Talmud de Babylone — est pire que la famine ou la mort. Le Pidyôn Shevouyim est ainsi considéré comme un devoir de la société dans son entièreté.

Les ennemis d’Israël le savent et jouent de cette « faiblesse » depuis les origines du conflit israélo-arabe. Les citoyens israéliens enlevés par le Hamas le 7 octobre dernier — à ce jour plus de 210 personnes, dont des nourrissons, des enfants, des femmes et des personnes âgées — sont encore retenus à Gaza. Cette prise d’otages est inédite dans son ampleur et sa nature ; elle n’est en revanche pas nouvelle dans sa forme. Le dossier, très sensible au sein de l’État hébreu, trouve pourtant de nombreux échos dans l’histoire.

 

Des détournements d’avion pour capter l’attention

À la fin des années 1960, après plusieurs dizaines de massacres d’Israéliens, l’OLP — Organisation pour la Libération de la Palestine — entre sur la scène internationale en multipliant les prises d’otages médiatiques.

Le 23 juillet 1968, un vol El Al parti de Rome pour Tel Aviv est détourné vingt minutes après son décollage. Renommé « Palestine Libération 707 », le vol est redirigé par les trois pirates de l’air vers Alger, où il atterrit peu après minuit avec l’accord des autorités algériennes. Les otages israéliens resteront enfermés dans les locaux des forces de sécurité civile nationale trois semaines durant, jusqu’à leur libération contre vingt-quatre prisonniers enfermés en Israël. Ce détournement braque les projecteurs sur un nouveau groupuscule d’orientation marxiste, le FPLP — Front populaire de libération de la Palestine — de Georges Habache. Cette victoire tactique et stratégique démontre au monde que les Palestiniens détiennent à présent la capacité de terroriser une nation entière en s’emparant d’un avion de ligne israélien. Désormais, la menace terroriste peut frapper partout, dans les terminaux d’aéroports comme dans les airs. Or, l’Occident n’est pas préparé pour enrayer ce type de menaces. Ses frontières sont poreuses, ses forces de sécurité mal entraînées et ses systèmes de contrôle faciles à contourner. Il faut ajouter à cette menace du FPLP la complicité d’une extrême-gauche, sympathisante du mouvement de libération palestinien assimilé à un combat anticolonialiste.

Un an à peine après le déroutage du vol El Al, un avion américain de la TWA est détourné vers Damas après une escale à Rome. Une fois encore, seuls les passagers israéliens sont retenus après l’atterrissage. Trois mois vont être nécessaires pour obtenir leur libération en échange de soldats syriens capturés lors de la guerre des Six Jours. Parmi les terroristes, une chrétienne native de Haïfa, Leïla Khaled, dont le nom va bientôt devenir un symbole des « combattants de la liberté ». Elle tentera, l’année suivante, avec l’aide d’un Américain d’origine nicaraguayenne, de s’emparer d’un nouvel avion de la compagnie El Al ; en vain cette fois-ci. Arrêtée par les autorités britanniques à Londres, elle est libérée peu après contre les otages d’un autre détournement.

L’acte de piraterie aérienne le plus célèbre reste encore à venir. Le détournement d’un avion de la Sabena par des terroristes du groupe « Septembre Noir », le 8 mai 1972, va traumatiser l’Occident. L’avion de ligne belge transporte alors quatre-vingt-quatorze passagers et sept membres d’équipage, de Bruxelles à Tel Aviv. La moitié sont des Israéliens ou des Juifs. La demande de libération de trois cent quinze détenus par les preneurs d’otages divise rapidement les hauts responsables israéliens sur l’attitude à adopter. Le ministre de la Défense, Moshe Dayan, optera finalement pour le plan de sauvetage proposé par le futur Premier ministre Ehud Barak, alors commandant de l’unité d’élite Sayérèt Matkal, qui propose de prendre d’assaut l’avion, déguisés en techniciens de l’aéroport. L’opération est un succès, malgré un mort et des blessés parmi les passagers. À l’époque, un jeune soldat appelé à un prestigieux parcours politique est touché lors des échanges de coups de feu ; il s’appelle Benyamin Netanyahou.

En Israël, l’opération de la Sabena deviendra mythique, tout en attirant parallèlement une attention inédite sur la cause palestinienne. « Cette nouvelle vague d’actions armées entraîna une forte augmentation des demandes d’adhésion à des organisations terroristes » estime le journaliste Ronen Bergman, auteur, en 2018, d’un ouvrage remarqué sur l’histoire secrète des renseignements israéliens. À l’époque, explique l’enquêteur de terrain, « l’Europe de l’Ouest ne combattait pas le terrorisme elle-même, et ces nations n’autorisaient pas non plus les Israéliens à le faire à l’intérieur de leurs frontières. Les Européens jugeaient le conflit du Moyen-Orient lointain et insignifiant, et rien ne les incitait à agir. » Il faudra ainsi un drame d’un retentissement mondial pour que les mentalités changent.

 

Des soldats de l'unité d'élite Sayeret Matkal sauvent les otages d'un détournement d'un avion de la Sabena. Aéroport de Lod, en Israël, le 9 mais 1972. Crédit : Tsahal, www.idf.il

Des soldats de l’unité d’élite Sayeret Matkal sauvent les otages d’un détournement d’un avion de la Sabena. Aéroport de Lod, en Israël, le 9 mais 1972. Crédit : Tsahal, www.idf.il

Une prise d’otage surmédiatisée aux J.O. de Munich

En septembre 1972, huit militants de « Septembre Noir » s’envolent séparément pour l’Allemagne afin de n’éveiller aucun soupçon. Leur objectif : opérer une prise d’otages devant les caméras du monde entier, en s’attaquant à la délégation israélienne envoyée à Munich pour les Jeux olympiques d’été. Le 5 septembre, en pleine nuit, les terroristes investissent la résidence de l’équipe juive. Un entraîneur de lutte et un haltérophile qui tentent de s’interposer sont abattus. S’ensuivent des heures de suspens macabre. Golda Meir refuse toute négociation et propose aux Allemands l’envoi d’une unité spéciale. À la stupéfaction d’Israël, les Allemands — pourtant bien moins expérimentés — refusent une intervention étrangère sur leur territoire. L’opération de sauvetage allemande connaît une issue dramatique. Le massacre de l’ensemble des otages israéliens ravive alors de douloureux souvenirs : une fois encore, des Juifs sont morts assassinés sur le sol allemand, à quelques jours seulement de Rosh Hashana.

Le massacre des athlètes israéliens aux J.O. de Munich en Une du journal français Midi Libre, le 7 septembre 1972. Crédit : archives Midi Libre

Le massacre des athlètes israéliens aux J.O. de Munich en Une du journal français Midi Libre, le 7 septembre 1972. Crédit : archives Midi Libre

Raid sur Entebbe

Quelques années plus tard, fin juin 1976, à l’aéroport d’Entebbe en Ouganda, un assaut des troupes d’élites de Tsahal permet de libérer les otages d’un avion de ligne détourné par un commando composé de membres du FPLP et d’extrémistes de gauche allemands. Accueillis par le dictateur ougandais, Idi Amin Dada, via la Libye de Kadhafi, les pirates de l’air ont bénéficié de complicités inattendues, tel l’archevêque Hilarion Capucci, qui a usé de son statut diplomatique pour introduire clandestinement des armes destinées aux cellules du Fatah, à Jérusalem. L’opération de sauvetage est un succès pour Israël, malgré la mort de quatre otages et la perte de plusieurs soldats d’élite, au rang desquels Yonatan Netanyahou, chef du commando et frère de l’actuel Premier ministre israélien.

 

Affiche du film américain d'Irvin Kershner “Raid sur Entebbe” (1976) célébrant les exploits du commando israélien qui libéra les otages d'un détournement d'avion en Ouganda en juin 1976.

Affiche du film américain d’Irvin Kershner “Raid sur Entebbe” (1976) célébrant les exploits du commando israélien qui libéra les otages d’un détournement d’avion en Ouganda en juin 1976.

Les années 1980 : au Liban, la donne change

Pendant la seconde guerre du Liban, à l’été2006, le Hezbollah a déclaré « le kidnapping paie », encourageant ses miliciens à capturer des soldats pour être à nouveau en position de force. Racheter la vie des hommes et femmes qui servent la nation devient alors un impératif, malgré le coup moral et politique que cela porte à la loi d’airain instituée par Golda Meir. La situation n’a pourtant rien de nouveau. Dans les années 1980, la milice libanaise Amal s’est déjà livrée à cette pratique payante, avec la capture de journalistes occidentaux et de soldats israéliens. Parmi les cas emblématiques, celui du lieutenant-colonel Ron Arad, dont le F-4Phantom a été abattu lors d’une mission effectuée au sud Liban en octobre 1986. Les recherches pour retrouver le navigateur perdu en territoire ennemi seront massives. L’année dernière, l’historien des Juifs du Pays du Cèdre, Nagi George Zeïdan, déclarait avoir localisé sa tombe…

Un panneau d’affichage dans le port de Larnaca, à Chypre, offrant 10 millions de dollars à toute personne apportant des informations concernant le pilote israélien Ron Arad, capturé en octobre 1986 au Liban.Crédit : AFP, décembre 2005

Un panneau d’affichage dans le port de Larnaca, à Chypre, offrant 10 millions de dollars à toute personne apportant des informations concernant le pilote israélien Ron Arad, capturé en octobre 1986 au Liban. Crédit : AFP, décembre 2005

Le coût croissant des vies israéliennes

Au cours des trois dernières décennies, plus de 7 000 prisonniers ont été libérés en échange d’une vingtaine d’Israéliens et des dépouilles d’une dizaine d’autres. Ces gains ont fragilisé la marge de négociation de l’État hébreu et augmenté les chances des ravisseurs de voir leurs demandes satisfaites. Une commission a été créée en Israël pour fixer des lignes rouges destinées à modifier le rapport de force, en accord avec une partie de l’opinion israélienne qui défend aujourd’hui une politique de fermeté. Après le « scandale Gilad Shalit » — dont le retour au pays a été permis contre la libération d’un millier de prisonniers, pour moitié condamnés pour crimes de sang —, Israël a souhaité à l’avenir rendre les échanges plus proportionnés. Les prises d’otages font des citoyens israéliens des cibles privilégiées et renforcent en effet la visibilité médiatique de ceux qui les capturent, à savoir les terroristes du Hamas et du Hezbollah, dont les actions — téléguidées par l’Iran et le Qatar — exaltent ensuite la rue arabe aux quatre coins du monde.

 

7 octobre 2023 ; un massacre de civils qui en rappelle un autre…

La tragédie qui a frappé Israël le 7 octobre dernier n’est pas sans rappeler le terrible massacre de Ma’alot opéré par le Front démocratique pour la Libération de la Palestine — ex-FDPLP — le 15 mai 1974. À l’époque, des militants arabes israéliens d’obédience marxiste prennent pour otages 105 enfants d’une école de Safed en séjour scolaire près de la frontière libanaise, ainsi qu’une dizaine d’encadrants. La tentative de sauvetage entreprise par la Brigade Golani est un cuisant revers : un bain de sang lors duquel 22 enfants et plusieurs adultes sont assassinés par leurs ravisseurs. Un événement dramatique qui résonne aujourd’hui plus que jamais…

 

Une femme regarde un mur à Tel Aviv avec les photos des otages kidnappés par le Hamas le 7 octobre 2023. Crédit : Amir Lévy / Getty Images

Une femme regarde un mur à Tel Aviv avec les photos des otages kidnappés par le Hamas le 7 octobre 2023. Crédit : Amir Lévy / Getty Images

[1] Gn 42,16-24

 

 

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