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Les ségoulot ou les trésors inconnus du peuple d’Israël

Dans une période troublée comme la nôtre, où les affres de la guerre troublent la quiétude de tout un chacun, il apparaît comme naturel de chercher des remèdes et des solutions miracles à nos divers problèmes et à nos inquiétudes diverses. Dans ce texte que vous allez découvrir, nous nous penchons sur le thème si populaire des Ségoulot. Bon voyage…
Les ségoulot ou les trésors inconnus du peuple d’Israël

Le terme de segoula apparaît à de nombreuses reprises dans le canon biblique juif. À cinq reprises, il désigne le peuple d’Israël. Les trois autres fois où il apparaît, il a pour sens « trésor ». L’expression de « peuple de Segoula » ou Am Segoula, communément usitée, provient du verset suivant : « Maintenant, si vous écoutez ma voix et respectez Mon alliance, vous serez pour Moi une segoula parmi tous les peuples, car le monde entier M’appartient » (Chémot 19,5). Le sens originel de ce terme, tel que l’explique Rachi dans ce verset, est celui d’un trésor précieux composé d’objets de grands prix et de pierres précieuses que les rois collectionnent. 

Ainsi, le peuple juif est désigné comme peuple de segoula, que l’on peut traduire par : peuple de prédilection. D’après Rachi, ce terme désigne Israël, au sein des autres peuples, comme un peuple qui se démarque de l’ensemble des nations, au sens où le Créateur de l’univers lui accorde une prééminence. D’après le Sforno, ce terme confère à Israël une responsabilité de grande envergure, comme cela apparaît dans le verset : « Vous serez pour Moi un royaume de prêtres et un peuple saint » (Chémot 19,6). Ce verset accorde au peuple d’Israël le rôle d’officiant et de prêtre pour l’humanité tout entière, le but étant d’amener les peuples du monde à vouer un culte exclusif au Tout-Puissant. Cette vocation d’Israël apparaît également dans le verset : « Je t’établirai comme lumière des Nations » (Yéchayahou 49,6) qui reprend le même thème, à savoir que le peuple d’Israël a pour vocation d’enseigner aux nations le service divin. 

 

Les segoulot du peuple d’Israël.

Cet éclairage sémantique sur le terme de segoulasegoulot au pluriel — nous indique la direction à prendre. Les segoulot sont des pratiques religieuses dont le but avoué est d’obtenir un secours divin dans tel ou tel domaine. Il s’agit donc d’un véritable trésor… Ces segoulot sont basées sur les enseignements de nos sages et ne constituent nullement de la superstition ou des croyances factices. Lorsqu’on se penche sur les segoulot, on peut constater qu’il existe toujours un rapport logique entre la pratique recommandée et le profit qu’elle est en mesure d’apporter à celui qui s’y adonne. Prenons par exemple la segoula recommandée par le Sefer Ha’hinoukh : « Celui qui prononce les actions de grâce Birkat Hamazone avec attention, en articulant chaque mot, ses moyens de subsistance lui seront accordés tout au long de sa vie avec largesse et honneur et il sera préservé de toute mauvaise chose. Celui qui se montrera davantage soucieux de cette mitsva veillera à prier dans le texte du Sidour ». Si on s’interroge sur le rapport logique entre l’action demandée et le « résultat » obtenu, on constatera que le Birkat Hamazone est une prière qui est construite autour d’une idée centrale, à savoir remercier Hachem pour la nourriture qu’il nous procure à nous et à l’humanité tout entière.

 Cette reconnaissance s’étend ensuite à la terre d’Israël que nous avons reçue comme un héritage patriarcal, à la sortie d’Égypte vécue comme un événement fondateur de notre identité, à la circoncision perçue comme une empreinte du divin sur notre chair, à la réception de la Torah enfin, dont les ordonnances gèrent notre quotidien. Le Temple de Jérusalem est également mentionné « Maison grande et sainte, porteuse du nom divin ». La liste de ces thèmes qui n’est pas exhaustive nous permet de comprendre que la récitation du Birkat Hamazone, lorsqu’elle est faite comme elle se doit, ne manque pas d’éveiller chez le prieur un sentiment infini de reconnaissance envers l’Auteur de ces innombrables bienfaits… Cette reconnaissance envers le Créateur déclenche, envers celui qui l’éprouve, une avalanche de bienfaits, ainsi que l’explique le Séfer Hakhinoukh.

Prenons une autre segoula, en rapport avec le dernier et huitième jour de Hanoucca. Comme l’explique le Maharal de Prague, le chiffre huit se situe au-delà de la nature, à l’inverse du chiffre six qui lui exprime la réalité physique de ce monde, créé d’ailleurs en six jours. Le chiffre sept exprime quant à lui la royauté divine en ce monde qui apparaît à travers la majesté du chabbat. Le huitième jour de Hanoucca, les huit lumières du candélabre Hanoukia, brillent de tout leur éclat. Rabbi Yits’hak Louria Achkénazi, surnommé le Ari Hakadoch, ainsi que le non moins célèbre Baal Chem Tov, nous affirment que l’impact de ce jour est tel que l’on peut obtenir par la prière des délivrances dans tous les domaines !

Parlons enfin de la segoula connue du prélèvement de la Hala, ‘’Hafrachat Hala’’. Le prélèvement de la Hala s’effectue sur une quantité de pâte légèrement inférieure à deux kilos, un kilo et 560 g pour être précis. On prélève l’équivalent d’une poignée de pâte. Cette mitsva fait partie des mitsvot qui ont été attribuées aux femmes, à l’image de l’allumage des bougies de chabbat (traité Chabbat). La femme allume les bougies de chabbat, illuminant ainsi sa maison et par là-même le monde entier. De la même façon, lorsqu’elle prélève la Hala, elle déclenche selon le Zohar un flux céleste d’abondance et de miséricorde. Il s’agit alors d’un moment propice pour s’adresser au Créateur de l’univers et lui demander ce dont elle a besoin pour elle, ses proches ou le peuple d’Israël. Nous avons vu en Israël et dans les communautés juives du monde entier des groupes de femmes se réunissant chaque semaine pour effectuer cette mitsva, de la Hafrachat Hala, collectivement, pour évoquer la grâce divine pour les otages israéliens retenus par le Hamas ainsi que pour les soldats de Tsahal au front.

Conclusion 

Comme nous l’avons vu, les segoulot ne sont pas des remèdes ou des formules magiques pour nous sortir de la détresse, mais bien des pratiques rigoureusement autorisées et recommandées par nos sages pour invoquer la miséricorde divine et déclencher sur celui qui s’y adonne un flux d’abondance céleste. De la même façon que Maïmonide, dans une prise de position célèbre dans le Guide des égarés, affirmait que la pratique des sacrifices animaux, telle qu’elle était effectuée dans le Temple de Jérusalem, avait comme objectif de déraciner la pratique des sacrifices idolâtres, de la même façon, nous pouvons dire que la pratique des segoulot vise à déraciner les pratiques et les croyances superstitieuses. 

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