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Les universités sous emprise

Que se passe-t-il depuis les massacres du 7 octobre 2023 dans les universités des pays occidentaux ?
Les Universités sous emprise

Que se passe-t-il depuis les massacres du 7 octobre 2023 dans les universités des pays occidentaux ? 

On aura tout vu : trois présidentes de prestigieuses universités américaines qui refusent de considérer l’appel au génocide des Juifs comme violant le règlement sur le harcèlement à Harvard, Sciences Po à Paris qui tolère l’occupation de ses locaux par des militants pro-Hamas, des départements d’études du monde arabe fermés et rebaptisés en « unité d’études du Sud global ». Une situation qui évoque un glissement généralisé vers le soutien inconditionnel au Hamas et aux positions de l’axe pro-iranien. 

Les manifestations violentes, les agressions contre les étudiants juifs en témoignent : l’air est devenu difficilement respirable. Ce climat a d’ores et déjà créé une réalité : les étudiants juifs ne peuvent plus fréquenter certaines universités. Le cursus universitaire et le lieu d’études vont grandement dépendre de la population qui fréquente l’établissement de formation. Les chiffres racontent cette histoire de manière encore plus terrible : on est passé à 76 agressions antisémites recensées dans les universités et les grandes écoles françaises, ceci sans compter les milliers de cas non signalés ; insultes, intimidations, agressions verbales, soutien ouvert au Hamas, justification des massacres du 7 octobre, essentialisation des Juifs et des Israéliens, etc.

Claudine Gay, la présidente de l’université de Harvard, avait été auditionnée par les élus du Congrès le 5 décembre 2023, en compagnie de deux autres présidentes des plus prestigieuses universités américaines. À la question de savoir si « appeler au génocide des Juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non ? », l’intéressée répondait que « cela se peut, en fonction du contexte », avant d’ajouter : « Si c’est dirigé contre une personne ». Une réponse qui témoigne du délabrement de la boussole morale de ces institutions considérées jusque-là comme des temples de sagesse et d’intégrité. Il semble donc que ces institutions soient définitivement tombées entre les mains des wokistes, alliés de circonstance avec les organisations pro-Hamas. 

 

Qu’en est-il de la France ? 

L’institut d’études politiques, plus connu sous le nom de Sciences Po, est aujourd’hui le centre d’un activisme anti-israélien d’une rare violence. Le président de l’institut pendant l’automne et l’hiver 2023-2024 est Mathias Vicherat qui a démarré sa carrière publique en étant proche de Jean-Luc Mélenchon et qui a longtemps milité à l’UNEF. C’est avec lui que le département des études du monde arabe disparaît pour être intégré dans un département des études du Sud global ; l’enseignement est donc clairement orienté vers les thèses les plus tiers-mondistes. Le ton est donné ; on doit suivre la ligne idéologique. Les enseignants sont recrutés (aussi) sur des critères politiques. Où l’idéologie supplante la soif d’apprendre !

Comment en est-on arrivé là ? 

Quelles sont les modes intellectuels et les forces politiques qui ont permis l’avènement de cette situation. 

Pour ce qui est du wokisme, tout commence aux États-Unis. La dérive de l’intelligentsia française, quant à elle, a démarré avec la fascination de quelques intellectuels pour l’ayatollah Khomeiny, à la fin des années 70. Sartre, Foucault sont les précurseurs d’une collusion idéologique qui s’achèvera avec Philippe Bourdieu. 

Qu’on relise simplement ces quelques mots écrits par Michel Foucault au sujet de la révolution iranienne (Dits et Écrits, 2e tome) : « C’est l’insurrection d’hommes aux mains nues qui veulent soulever le poids formidable qui pèse sur chacun de nous, mais, plus particulièrement sur eux, ces laboureurs du pétrole, ces paysans aux frontières des empires : le poids de l’ordre du monde entier. C’est peut-être la première grande insurrection contre les systèmes planétaires, la forme la plus moderne de la révolte et la plus folle. » Dans cette même tribune, il alla même jusqu’à appeler Khomeiny « le Saint homme exilé à Paris ». 

Le ton était donné ; la fascination est là dans toute son horreur. Sartre et Simone de Beauvoir, aveuglés par leur fascination pour les révolutionnaires du tiers monde, faisaient le voyage à Téhéran, en 1978, sans même un regard pour le sort des femmes iraniennes désormais livrées à la violence des mollahs. La voie était tracée. Philippe Bourdieu (1930-2002) allait suivre en régnant sur la sociologie dans les universités françaises. Dans un ouvrage devenu emblématique, La Reproduction, Philippe Bourdieu et Jean-Claude Passeron s’emploieront à montrer que le système d’enseignement exerce un « pouvoir de violence symbolique, qui contribue à donner une légitimité au rapport de force à l’origine des hiérarchies sociales ». La critique des ordres sociaux était re-posée. Elle prolongeait le travail de déconstruction imposé par les intellectuels de gauche des années 70. Elle devait servir de base à l’implantation du wokisme avec son cortège de dénonciations des systèmes de domination masculine, du colonialisme blanc et du fascisme des genres. Les wokistes travaillent à encourager toutes les identités « brimées » par les systèmes dominants. C’est ainsi que l’Israélien, et le Juif par extension, devenait l’incarnation du super-blanc, dominateur, colonialiste et dangereux pour l’humanité, par ses « crimes » contre le peuple palestinien. 

On connait la suite : les enseignants de grandes universités occidentales, et notamment dans les départements d’études en sciences sociales, en philosophie et en sciences politiques, sont principalement recrutés en fonction de leur adhésion aux thèses wokistes. Entre temps, le Qatar a investi plus de 5,6 milliards de dollars dans 81 universités américaines depuis 2007, dont les plus prestigieuses : Harvard, Yale, Cornell et Stanford. Il a obtenu un droit d’admission automatique à HEC en France. Sciences Po a rebaptisé son département d’études des pays arabes en département d’études du Sud global. Dans ces conditions, il est naturel que le narratif pro-palestinien, anti-israélien soit devenu une doxa indépassable pour ces futures « élites occidentales ». 

L’argent et l’aveuglement idéologique ont construit une armature intellectuelle qui a remplacé l’esprit critique. Les universités sont des lieux où l’on est censé apprendre à penser en développant l’esprit de recherche ; elles sont devenues les temples de la violence idéologique. Elles ne sont plus seulement sous emprise ; elles sont les garantes d’un système de pensée unique, en passe de devenir totalitaire. 

 

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