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Les tentacules de l’argent sale du Hamas

Comment le Hamas a bâti un réseau complexe et secret de financement, entre soutiens étatiques et activités criminelles
Les tentacules de l’argent sale du Hamas

Pour financer ses activités, que ce soit son appareil politique et social, ses programmes d’aide aux Palestiniens ou sa branche armée avec sa capacité de frappe militaire contre Israël, le Hamas a tissé au fil des décennies un réseau tentaculaire et secret de financement à travers le monde arabo-musulman.

Les dons de riches sympathisants originaires des pays du Golfe, où résident de nombreux expatriés palestiniens, constituent une manne financière essentielle pour le Hamas. Ces dons transitent souvent par des associations caritatives ou des organisations islamiques servant de façade légale. Le réseau bancaire du Hamas s’appuie sur des institutions financières complices au Moyen-Orient, en Turquie et en Russie. L’argent transite ensuite par un système informel de collecteurs de fonds — hawalas — vers la bande de Gaza et la Cisjordanie.

Deux pays jouent un rôle central dans le soutien financier au Hamas : l’Iran et le Qatar.

L’Iran est de longue date le principal État sponsor du Hamas. Téhéran considère ce mouvement palestinien comme un allié stratégique dans sa politique de guerre face à Israël et aux États-Unis. Chaque année, l’Iran injecterait plus de 100 millions de dollars au Hamas. L’argent transite par des sociétés écrans, des hommes de paille et des institutions financières complaisantes, avec la complicité du Hezbollah libanais. Outre un soutien financier, Téhéran fournit aussi des armes et des formations militaires aux terroristes du Hamas. Au-delà du Hamas, l’Iran est accusé de financer plus largement des groupes terroristes comme le Hezbollah au Liban ou les Houthis au Yémen, dans le but d’étendre son influence régionale.

Le Qatar est un autre soutien de poids du Hamas, lui apportant des centaines de millions de dollars d’aide depuis des années. Le petit émirat gazier du Golfe persique abrite des dirigeants du Hamas et de ses collecteurs de fonds sur son sol. Doha est régulièrement critiqué par ses voisins Saoudiens et Émiratis pour son laxisme à l’égard des groupes radicaux comme les Frères Musulmans et le Hamas, considérés comme des menaces. Certains analystes estiment même que le Qatar finance indirectement des branches régionales d’Al-Qaïda, ce que Doha nie fermement.

Grâce à des stratagèmes de blanchiment d’argent sophistiqués, les fonds en provenance de l’Iran et du Qatar destinés au Hamas transitent par des institutions financières au Moyen-Orient, en Turquie ou en Asie du Sud-Est avant d’être acheminés de façon opaque vers la bande de Gaza via des tunnels, ou la Cisjordanie. Une partie de l’argent finance les activités « civiles » du Hamas comme l’aide sociale, les programmes éducatifs et la propagande. Cependant, la majeure partie sert à l’achat d’armes et de matériel militaire pour l’organisation terroriste.

Outre les soutiens étatiques et les dons de particuliers, les activités criminelles constituent une autre source de financement non négligeable pour le Hamas. Selon plusieurs rapports des services de renseignement occidentaux, l’organisation palestinienne tirerait une partie substantielle de ses revenus du trafic de drogue, notamment du cannabis et du captagon.

La bande de Gaza est devenue une plaque tournante de ce trafic en Méditerranée orientale. Des cargaisons de drogue sont introduites via les tunnels sous Rafah, avant d’être revendues. Le Hamas prélèverait une taxe sur ces activités, tout en cultivant lui-même une partie de la production locale de cannabis. Les analystes estiment que ce trafic rapporterait des dizaines de millions de dollars chaque année au Hamas, lui permettant de financer ses opérations militaires contre Israël.

Démanteler ces filières criminelles est un nouveau défi pour les services de renseignement, tant elles sont imbriquées avec les réseaux classiques de financement du terrorisme.

Les services de renseignement occidentaux, comme la NSA, le Mossad et le Shin Bet israélien ou la DGSE française, mènent une traque sans relâche pour démanteler les réseaux de financement du Hamas. Ils surveillent les flux financiers, infiltrent des informateurs et n’hésitent pas à liquider physiquement certains responsables.

Le Mossad a récemment déjoué un important réseau turc de financement du Hamas dirigé par Zaher Jabarin. L’homme d’affaires palestinien basé à Istanbul supervisait la collecte de millions de dollars auprès de riches sympathisants en Turquie et dans le Golfe. L’argent aboutissait ensuite au Liban via des sociétés écrans avant d’être reversé au Hamas. Le piège tendu par le Mossad à Jabarin en 2018 a permis de démanteler une partie de ce réseau.

Tarir les financements du Hamas et du terrorisme reste un combat de longue haleine pour les puissances occidentales face à des États comme l’Iran ou le Qatar. La dimension idéologique profonde de ce soutien financier, l’opacité des circuits informels et la perméabilité de nombreuses institutions financières rendent cette lutte particulièrement ardue. Les services de renseignement doivent constamment s’adapter aux techniques de plus en plus sophistiquées des réseaux terroristes.

Ainsi, malgré ces coups de filet, l’hydre financière du Hamas se montre résiliente et conserve de nombreuses ramifications à travers le monde, pour absorber ces déconvenues et poursuivre la terreur. La traque financière entre le Hamas et les services secrets occidentaux se poursuit sans relâche, à l’image d’une vaste enquête du FBI en cours depuis 2020 ciblant un important réseau de blanchiment d’argent présumé du Hamas en Malaisie et à Istanbul. Couper les vivres du Hamas demeure une bataille de l’ombre sans fin pour les puissances occidentales et leurs alliés dans la région.

SOURCES :

https://www.capital.fr/economie-politique/comment-est-finance-le-hamas-1481534

https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20231013-qatar-iran-turquie-la-galaxie-des-soutiens-du-hamas

https://www.counterextremism.com/extremists/zaher-jabarin

https://www.shabak.gov.il/en/reports/publications/%D7%9B%D7%9A-%D7%A4%D7%95%D7%A2%D7%9C%D7%AA-%D7%97%D7%9E%D7%90%D7%A1-%D7%A2%D7%9C-%D7%90%D7%93%D7%9E%D7%AA-%D7%AA%D7%95%D7%A8%D7%9B%D7%99%D7%94/

https://fr.timesofisrael.com/legypte-detruit-12-tunnels-de-contrebande-a-gaza/

 

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