Le 7 octobre est une date funeste qui restera à jamais gravée en lettres de sang dans l’histoire d’Israël. Ce jour-là, une vague d’attentats barbares frappe aveuglément le sud du pays, semant horreur et désolation. Une déclaration de guerre, des explosions retentissent dans les ychouvim et kibboutzim, tuant et mutilant hommes, femmes et enfants. Des vies fauchées, des familles décimées. La brutalité du carnage, perpétré par les terroristes du Hamas, ces monstres à tête humaine, glace le sang et tétanise les esprits.
Mais au milieu du chaos surgit l’espoir, sous la forme d’anges gardiens en gilets jaune fluo. Ce sont les secouristes de Zaka, acronyme de Zihuy Korbanot Ason en hébreu, qui signifie « Identification des victimes de catastrophes ».
Cette organisation de volontaires orthodoxes, créée en 1995, est mobilisée sur le terrain après chaque attentat pour rassembler dignement les morceaux de corps déchiquetés.
Leur mission est double : identifier chaque fragment humain et nettoyer méticuleusement les lieux pour épargner aux familles la vision d’horribles restes.
Jamais les secouristes de Zaka n’avaient vu de tels actes de barbarie. Agenouillés au milieu des décombres, ils incarnent l’humanité face à l’horreur. Leurs mains délicates rassemblent les morceaux de chair arrachés, retrouvent un pied encore chaussé, caressent une boucle de cheveux ensanglantés. Leurs prières murmurées élèvent les âmes meurtries.
C’est un travail physiquement et moralement éprouvant auquel se livrent sans relâche les membres de Zaka. Armés de pelles, de raclettes et de seaux, ils ratissent le moindre centimètre carré de sol jonché de débris, à la recherche du plus petit tissu humain. Lorsqu’ils en dénichent un, aussi minuscule soit-il, ils le déposent délicatement dans un sac mortuaire après avoir récité une prière issue des Psaumes.
Les images de ces hommes en larmes, ramassant dignement les restes ensanglantés de victimes dont ils ignorent tout, suscitent une profonde émotion. L’horreur des carnages contraste avec le soin méticuleux qu’ils mettent à rendre aux défunts le respect qui leur est dû selon les traditions juives. Dans le judaïsme, le devoir sacré de sépulture est primordial, permettant le passage de l’âme vers l’au-delà. Ainsi, chaque parcelle humaine est traitée avec une infinie dignité. Précieusement recueillie dans un linceul, elle ira rejoindre une sépulture, identifiée ou anonyme. Jamais oubliée.
Une étape délicate reste à venir : l’identification des victimes.
Grâce à des échantillons d’ADN, de l’institut médico-légal tenteront de rendre leur identité à ces morceaux épars de chair. Le puzzle est complexe, certains corps ayant littéralement explosé sous l’effet du souffle. Cette tâche, déchirante pour les familles dans l’attente de nouvelles, requiert patience et minutie.
Mais ce travail dans l’horreur affecte les bénévoles. Moti Bukchian, porte-parole de Zaka, raconte les scènes insoutenables auxquelles il a assisté.
Des femmes enceintes éventrées, des bébés brûlés vifs, des corps mutilés et torturés. « Les spectacles sont horribles, jamais vus auparavant », témoigne-t-il.
Épuisé, Moti Bukchian s’est effondré cette semaine et a été hospitalisé. Il confiait récemment ne pas avoir le temps de s’arrêter, être dans une course contre la montre, les corps se dégradant de jour en jour. Lorsqu’un bénévole craque, il l’invite à se reposer.
Mais lui poursuit sa difficile mission, dans un silence stoïque. Seule sa foi semble le porter, au milieu de l’indicible barbarie.
Malgré l’épreuve, les hommes de Zaka continuent de défier l’horreur avec bravoure. Ils puisent dans leur foi et leur amour du prochain la force de poursuivre leur difficile mission. Leur dévouement force le respect et nous rappelle la résilience de l’âme humaine face à la barbarie.
La mobilisation des hommes de Zaka reste intacte.
Témoignages poignants de leur inébranlable détermination.
« Je ne dors plus la nuit, hanté par les visages d’enfants calcinés. Mais je me relève chaque matin, et retourne fouiller les décombres. Pour eux, pour apporter la paix à leurs âmes meurtries », confie Jacob, 28 ans.
« C’est mon devoir sacré, rendre leur dignité à ces victimes anonymes. Même si je dois en être éprouvé dans ma chair et mon esprit. Ma foi me porte, elle est plus forte que toute l’horreur du monde », assure David, volontaire depuis 10 ans.
J’ai vu l’enfer sur terre, mais je continuerai, pour que plus personne n’oublie leur souffrance, pour graver dans les mémoires que le mal absolu existe, qu’il a un visage et un nom : le terrorisme » témoigne encore Moti Bukchian.
Ces paroles disent toute la bravoure et l’abnégation de ces hommes qui puisent dans leur spiritualité la force de poursuivre coûte que coûte leur mission. Leur engagement rappelle que face à la haine, il existe encore des êtres animés d’une inébranlable humanité.
L’horreur de leur tâche marquera à vie ces hommes. Mais ils resteront debout, indestructibles gardiens de la mémoire. Leurs prières guideront les âmes fauchées trop tôt vers une dernière demeure apaisée.
@Yagnumphotos