La musique a toujours été une composante essentielle de ma vie, tant sur le plan personnel que professionnel[1]Le Pouvoir de Soi, l’auteur de cet article. Balzac a décrit la musique comme « le seul art qui parle à la pensée par la pensée[2]« Les maximes et pensées » Honoré de Balzac».
Une affirmation qui résonne avec ma propre expérience. Il fut un temps où ma relation avec la musique s’était professionnalisée au point de perdre son essence véritable ; j’écoutais avec les oreilles de mon public plutôt qu’avec les miennes. Un jour, inspiré par Oliver Sacks, qui a déclaré que la musique est « une façon de connecter sa conscience à celle d’autrui [3]Musicophilia: La musique, le cerveau et nous » Olivier Sacks», j’ai cherché à mieux comprendre l’impact profond de la musique sur notre être.
Dans cette réflexion, j’ai exploré la symbiose entre la science et la spiritualité, deux domaines qui se rejoignent dans la musique. Elle est cette symphonie universelle qui relie le concret et l’abstrait, harmonisant notre cerveau avec le spirituel.
La science, grâce à l’imagerie cérébrale et aux analyses biochimiques, nous dévoile comment la musique transforme les sons en émotions et en souvenirs, redessinant le paysage de notre cerveau grâce à la neuroplasticité[4]« Mindsight » Dr. Daniel J. Siegel
Lorsque nous écoutons de la musique, plusieurs zones du cerveau sont activées. Ceci inclut le cortex auditif qui traite les sons, mais aussi le système limbique, qui gère les émotions, et l’hippocampe qui joue un rôle clé dans la formation de nouveaux souvenirs. Les réponses neurochimiques déclenchées par la musique, telles que la libération de dopamine, peuvent susciter des émotions fortes et contribuer à la consolidation de nouveaux souvenirs.
La musicothérapie est une pratique clinique et thérapeutique qui va utiliser la musique pour améliorer la santé mentale, physique et émotionnelle[5]« Music Therapy Research » Barbara L. Wheeler.
Joanne Loewy, directrice du Centre Louis Armstrong de musicothérapie de l’hôpital Mount Sinaï Beth Israël de New York, nous donne un exemple de ses bienfaits, précisant qu’une heure d’exposition musicale par jour permet à des bébés prématurés d’améliorer significativement leur prise de poids et la durée de leur sommeil. La musicothérapie va créer une résonance thérapeutique personnalisée. L’acte d’écouter, de participer ou de créer de la musique est transformé en un acte de guérison, réfléchissant l’interconnectivité de l’esprit, du corps et de l’âme.
Les thérapeutes peuvent utiliser la musique non seulement comme un outil de rétablissement et de réhabilitation, mais aussi comme un moyen d’atteindre une élévation spirituelle. Le choix du genre musical n’est d’ailleurs pas anodin ; il est déterminant[6]« How Music Works: The Science and Psychology of Beautiful Sounds, from Beethoven to the Beatles and Beyond » John Powell
L’essence de chaque style musical réside dans sa capacité à évoquer des réponses émotionnelles et physiologiques spécifiques chez l’auditeur ou l’auditrice, et c’est cette essence qui est exploitée avec une intention thérapeutique. La musique Pop stimule le cerveau et améliore l’humeur, combattant la dépression. Le jazz, avec sa complexité, encourage l’engagement actif, bénéfique pour la neuroplasticité et les troubles cognitifs. La musique classique réduit le stress et améliore l’attention, aidant celles et ceux souffrant de troubles de l’attention.
Pour saisir l’ampleur de l’influence de la musique, nous devons aller au-delà de la science et nous plonger dans la sagesse de la Torah. Celle-ci célèbre la musique comme un vecteur d’élévation de la conscience, un pont vers le divin, et une méthode pour cultiver notre monde intérieur[7]“Hakhsharat HaAvrehim” Rabbi Kalonymus Kalman Shapira
À travers les enseignements de Rabbi Nahman de Breslev[8]Likoutey Moharan, Leçons 3, 27,42,48,54,64 Rabbi Nahman de Breslev, nous découvrons une perspective encore plus enrichissante. Rabbi Nahman envisage la musique comme un instrument de joie et un moyen d’atteindre une élévation spirituelle. Il affirme que la musique a le pouvoir unique d’ouvrir les cœurs, permettant une connexion authentique avec notre essence spirituelle et avec le Créateur. La musique agit comme un remède pour l’âme, restaure les connexions perdues dans les cerveaux traumatisés et sert de passerelles pour les souvenirs oubliés.
La musique, dans la tradition de Breslev, n’est pas qu’un complément aux textes sacrés ; elle est une forme de prière, un moyen d’inviter la grâce divine. Rabbi Nahman encourage l’utilisation de la musique et du chant dans la hitbodedout, la méditation personnelle où l’on s’adresse à D.ieu de manière spontanée, souvent accompagnée de mélodies émanant du cœur.
La musique n’est pas un simple fond sonore, mais un puissant outil de transformation et de guérison. C’est une clé universelle pour déchiffrer les mystères de l’esprit et de l’âme, un phénomène acoustique et spirituel profondément enraciné dans notre humanité. En intégrant la musique dans notre vie quotidienne, avec une appréciation renouvelée et une conscience de son potentiel sacré, nous ouvrons la porte à une transformation personnelle et à une connexion plus profonde avec le divin.
De la musique à la danse, il n’y a qu’un pas, nous l’explorerons prochainement.
Références
↑1 | Le Pouvoir de Soi, l’auteur de cet article |
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↑2 | « Les maximes et pensées » Honoré de Balzac |
↑3 | Musicophilia: La musique, le cerveau et nous » Olivier Sacks |
↑4 | « Mindsight » Dr. Daniel J. Siegel |
↑5 | « Music Therapy Research » Barbara L. Wheeler |
↑6 | « How Music Works: The Science and Psychology of Beautiful Sounds, from Beethoven to the Beatles and Beyond » John Powell |
↑7 | “Hakhsharat HaAvrehim” Rabbi Kalonymus Kalman Shapira |
↑8 | Likoutey Moharan, Leçons 3, 27,42,48,54,64 Rabbi Nahman de Breslev |
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