Rechercher
Les plus populaires

Rav Goren, le chofar, et la promesse de Jérusalem

Le départ des Juifs marocains : un traumatisme refoulé

God bless you, Levi Strauss !

Eifo Yossele ?

Des preuves archéologiques de la sortie d’Egypte… ?

Yom Haatsmaout : Comment se réjouir lorsque tout un peuple souffre ?

Yom ha-‘Atsma’outh, sacré dilemme !

Circulez, y’ARYEN à voir !

Le Ghetto prend les armes ! Réflexions sur une révolte

La Mimouna : Un Roch HaChana caché au cœur du printemps ?

Partager

Rav Goren, le chofar, et la promesse de Jérusalem

L’image du Rav Shlomo Goren, Grand Rabbin de Tsahal, entouré des parachutistes, sonnant du chofar devant le Kotel tout juste libéré le 7 juin 1967, au troisième jour de la guerre des Six Jours, est une des images les plus poignantes de l’histoire de l’État juif.
Rav Goren, le chofar, et la promesse de Jérusalem

L’image du Rav Shlomo Goren, Grand Rabbin de Tsahal, entouré des parachutistes, sonnant du chofar devant le Kotel tout juste libéré le 7 juin 1967, au troisième jour de la guerre des Six Jours, est une des images les plus poignantes de l’histoire de l’État juif. Après 2000 ans d’exil, les enfants d’Israël retrouvaient leur souveraineté sur ces pierres multimillénaires, usées par les prières et les larmes de générations de juifs, du mur de soutènement du Temple de Jérusalem.


Mais si beaucoup connaissent la photo, bien rares sont ceux qui connaissent l’histoire captivante qui se cache derrière.


L’épopée commence, il y a bien longtemps, dans la ville de Tlemcen en Algérie. Cette ville pastorale est alors devenue un centre mondial de l’étude de l’Islam et plus particulièrement de la mystique du Coran. La tombe du « saint de Tlemcen » Sha’ib Abou Médine Al Ansari Al Andaloussi ainsi que la grande mosquée érigée à sa mémoire attirent de nombreux pèlerins.
Ce maître soufi, aussi nommé Abou Madyane, lors de son retour du pèlerinage à la Mecque, participe avec Saladin à la bataille contre les croisés du Royaume de Jérusalem en 1187. Si Abou Madyane y perd une main, pour Saladin, la victoire écrasante de Hattin lui ouvre les portes de la Palestine. En récompense, Saladin offrira à Abou Madyane le waqf du domaine d’Ein Kerem. Les revenus de la mosquée, des immeubles et des terres qui s’y rattachent seront destinés aux Maghrébins résidant dans la ville sainte ou de passage. Ils permirent même aux Maghrébins d’acquérir un grand édifice à proximité du Kotel qu’ils dénomment Al Bouraq.


En 1897, une secte musulmane extrémiste a pris le contrôle de la ville de Tlemcen, et les juifs de la ville vivent dans la peur, suite à de nombreuses agressions qui vont en s’intensifiant.
À la demande des notables qui tremblent encore du souvenir du terrible pogrom qui avait frappé la communauté cinquante ans auparavant, le Rav de la ville, le Rav Haim Bliah accepte d’organiser une rencontre de conciliation avec les principaux dirigeants musulmans.


Le vendredi, à la sortie de la mosquée portant le nom du « saint de Tlemcen », à la fin de la prière, le vénérable Rav Bliah, du haut de ses 61 ans, enveloppé de son talit, accompagné de Rabbi David Hacohen Scali, son confrère du Tribunal rabbinique, ainsi que des notables de la communauté juive, viennent à la rencontre d’une foule musulmane qui très vite devient de plus en plus menaçante.


Et là, à la surprise générale, le Rav Bliah s’adresse avec un ton tranchant et une combativité incroyable à la foule belliqueuse, avant de sortir des plis de sa tunique un chofar, dont le long son perçant fait trembler tous les présents.
Il conclut son intervention sur les mots suivants : « Si vous pensez que Jérusalem vous appartient grâce aux possessions que vous avez là-bas, détrompez-vous et sachez que précisément dans 70 ans, Jérusalem et le Mont du Temple seront restitués aux mains des Juifs par leur gouvernement souverain en terre d’Israël ».


Cette rencontre qui devait être pacifique a pris une direction absolument inattendue, mais c’est justement l’audace de ces deux rabbins qui suscite chez les musulmans, paradoxalement, un profond sentiment de respect, et la ville retrouve le calme.
Mais dans cette tension extrême, quelque chose d’énorme a pris son envol. Neuf ans plus tard, en 1935, le Rav David Cohen Scali, protagoniste de la scène, écrira dans l’un de ses livres un article où, se basant sur les Prophètes ainsi que sur la Kabbale, il prédira avec précision la date de la libération de Jérusalem.


Lorsqu’il quitte la ville de Tlemcen pour Oran, où il vient d’être nommé président du Tribunal rabbinique, il reçoit le fameux chofar comme cadeau d’adieu des mains de son maître, collègue et ami le Rav Bliah.
Il le transmettra à son tour en 1932 à son élève Rabbi David Ibn Khalifa, lorsque celui-ci sera, à son tour, nommé grand rabbin et président du Tribunal rabbinique.
Lors d’une de ses nombreuses visites chez le Rav Eliahou Pardess, grand rabbin de Jérusalem dont il était très proche, il fait la connaissance du Rav Shlomo Goren, alors grand rabbin de Tsahal. Il lui racontera l’histoire de ce chofar qui l’accompagne dans tous ses voyages. Il décide alors de le remettre au Rav Goren qui est particulièrement touché par l’histoire de l’objet, en lui disant que seul lui, en tant que Rav de l’armée juive, était digne de le détenir.


Avec l’accord du Rav Ibn Khalifa, le chofar sera déposé chez le Rav Hanazir, Rabbi David Hacohen, élève du Rav Kook, connu pour son ascétisme et sa sainteté. Celui-ci restait cloîtré à son domicile depuis la chute de la Vieille Ville et s’était contraint à ne pas sortir en dehors de son domicile jusqu’à la libération de Jérusalem.
Des années plus tard, la guerre des Six Jours éclate et, dans la fièvre des combats, la jeep du Rav Goren, qui accompagnait la 11e brigade, est touchée par un obus, puis prend feu avec son chofar personnel à l’intérieur. Le Rav Goren, en route de Gaza vers Jérusalem, n’a plus de chofar, mais se rappelle soudain de celui du Rav Bliah et de son histoire incroyable. Il envoie en urgence son élève et aide de camp, Rav Menahem Hacohen, récupérer le chofar chez le Rav Hanazir.


Celui-ci, en plus de ses mesures de piété habituelles, fait le jeûne de la parole pendant ces jours de guerre si cruciaux pour le peuple d’Israël. Sur un signe du Rav, l’aide de camp emporte le chofar et le transmet au Rav Goren rejoignant les parachutistes de Motta Gour qui pénètrent, par la porte des Lions, sous les balles, dans la vieille ville de Jérusalem. Dans les bras du Grand Rabbin de Tsahal, il y a un Sefer Torah, et dans sa main, le chofar légendaire dans lequel il souffle sans discontinuer pendant des heures. Il fera partie des premiers à parvenir au Kotel.
Tel qu’en témoigne Moché Amirav, l’un des parachutistes à arriver en courant devant le Mur : « Nous avons franchi en nous bousculant la porte des Mugrabim et nous sommes restés soudain pétrifiés. Il était là, devant nous ! Gris et massif, sobre et silencieux. Le Kotel ! Je me suis approché très lentement, tremblant d’une crainte semblable à celle d’un officiant plein de ferveur s’apprêtant à diriger la prière. Je me voyais comme le messager de mon père, de mon grand-père, de mon arrière-grand-père, et de toutes les générations, au cours de tous les exils, qui n’avaient jamais eu le privilège de le voir, et qui m’avaient en quelque sorte envoyé pour les représenter.


C’est alors que j’entends une voix, celle du Rav Goren, réciter la bénédiction de Chehe’héyanou : « Béni sois-tu Seigneur, notre Dieu, maître de l’Univers, qui nous a fait vivre, qui nous a maintenus en vie et qui nous a permis de vivre cet instant ». Mais je n’ai pas pu répondre « Amen ». J’ai posé ma main sur les pierres et les larmes qui ont commencé à jaillir n’étaient pas mes larmes. C’étaient les larmes de tout Israël, des larmes d’espoir et de prière, celles des mélodies hassidiques, des danses juives, des larmes qui brûlaient et embrasaient les pierres grises massives. »
C’est à cet instant que résonne devant le mur, la voix du chofar, profonde, venue du fond des âges et des âmes. C’était la voix pleine de force du chofar du Rav Haim Bliah qui soixante-dix ans exactement auparavant proclamait : “Dans 70 ans, Jérusalem et le Mont du Temple seront restitués aux mains des Juifs !”


À l’heure dite ! Heureuse est la génération qui a vu la réalisation de tant de prophéties et qui continue à attendre la conclusion de l’histoire : « Je suis revenu à Sion, et j’ai rétabli ma demeure au milieu de Jérusalem. Jérusalem s’appellera « la ville de fidélité » et la montagne de l’Éternel-Cebaot « la montagne sainte. » (Zeharia : 8,3).

Partager

A découvrir également sur Yedia

Whatsapp Yedia

Ne manquez plus aucun contenu sur Yedia en rejoignant notre groupe Whatsapp. Une diffusion quotidienne.

Newsletter Yedia

Vous souhaitez recevoir la newsletter mensuelle de Yedia avec l’ensemble des articles, podcasts, et vidéos du site. Inscrivez-vous ici sans plus attendre.

Facebook Yedia

Ne manquez plus aucun contenu sur Yedia en rejoignant notre communauté Instagram.

Youtube Yedia

Ne manquez plus aucun contenu sur Yedia en rejoignant notre groupe Whatsapp. Une diffusion quotidienne.

Spotify Yedia

Retrouvez tous nos podcasts sur Spotify.  Il suffit de vous abonner à notre chaîne pour les écouter directement.

Yedia est un média dédié au Judaïsme, à sa culture, son patrimoine, et à son identité. Grâce aux contributions de ses auteurs et producteurs de contenus, issus de tous horizons, il se veut le témoin de sa richesse, et de sa diversité.

Art et culture, langue et écriture, société, histoire, sciences, lifestyle, judaïsme, sont les thématiques qui traversent Yedia.
Articles, podcasts, vidéos, sont disponibles sur la plateforme et permettent à tous à tout moment de pouvoir accéder au contenu.
Enfin Yedia se veut ancré dans l’époque dont il est issu, voire même dans le futur. Une partie des contenus sont consultables dans un metaverse accessible depuis le site Yedia.
Dans un monde dans lequel le savoir se dilue plus rapidement que l’ignorance, nous pensons que la connaissance est faite pour être partagée…au plus grand nombre, à tous, sans distinction.

Partager sans distinguer, et distinguer la connaissance de la croyance, afin de la faire comprendre, simplement et au plus grand nombre.
Sans partage, il n’y a pas de lumière.


Et ce qui n’est pas éclairé, reste dans l’obscurité.

Newsletter

Abonnez vous à la Newsletter de Yedia

Il vous suffit de remplir le formulaire ci-dessous.