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Le don de la Torah, Ruth, et le don de soi.

A Chavouot, on apprend que l’essentiel se joue sur les qualités suivantes « savoir recevoir et savoir donner ». Dans les cinq livres de la Torah, le mot Hessed, le don, la générosité, est employé 12 fois ; dans le Livre de Ruth il est utilisé 3 fois ; au total dans la bible entière nous le retrouvons 75 fois. Ce n’est pas un hasard si ce mot apparaît dans le récit de Ruth ainsi que dans celui du don de la Torah au mont Sinaï. C’est une leçon de vie.
Le don de la Torah, Ruth, et le don de soi.

« Donner et recevoir » sont deux concepts fondamentaux du judaïsme. Dans l’épisode si important de la fête de Chavouot, on s’aperçoit que l’essentiel se joue sur les qualités suivantes  « savoir recevoir et savoir donner ». Dans les cinq livres de la Torah, le mot Hessed, le don, la générosité, est employé 12 fois ; dans le Livre de Ruth il est utilisé 3 fois[1]Le Livre de Ruth est composé de 4 chapitres. ; au total dans la bible entière nous le retrouvons 75 fois. Ce n’est pas un hasard si ce mot apparaît dans le récit de Ruth ainsi que dans celui du don de la Torah au mont Sinaï.

C’est une leçon de vie.

Dans les dix commandements on note que le deuxième est l’interdiction d’avoir d’autres dieux, on comprend que l’idolâtrie, très pratiquée dans la région, est une faute. Comment comprendre ce commandement qui va loin dans l’injonction et qui nous fait découvrir un D.ieu « jaloux ». Ce commandement implique non seulement l’homme lui-même, mais aussi sa responsabilité envers ses descendants en termes de punition et de récompense[2]Le mot hessed est traduit dans ce verset par bienveillance..

« Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi. Tu ne te feras point d’idole, ni toute image de ce qui est en haut dans le ciel, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, tu ne les adoreras point ; car moi, l’Éternel ton D.ieu, je suis un D.ieu jaloux, qui poursuit la faute des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération, pour ceux qui me haïssent ; et qui exerce la bienveillance jusqu’à la millième, pour ceux qui m’aiment et gardent mes commandements.» (Exode, 20,3).

 

Entres femmes

Tournons nous maintenant vers le Livre de Ruth, Meguilat Ruth, ce personnage central qui est décrite par Boaz comme une femme de Hessed, de bonté et de don.  Après la mort de son mari, elle reste auprès de sa belle-mère,  quitte son pays natal et ses parents pour la suivre (Ruth 2,11). Elle travaille dans les champs, dans le but de se nourrir et de nourrir Naomie. Elle le fait elle-même pour ne pas que Naomie, qui était une personnalité connue à Bethléem, soit vue en train de récolter le blé comme une femme pauvre[3]Il y a trois dons aux pauvres des champs : Péa, Leket et Chikhha, c’est ce que récolte Ruth.. Elle prend le risque de nuire à sa réputation en rejoignant Boaz dans le champ, la nuit, en suivant les instructions de la femme à  qui elle s’est attachée. Elle épouse Boaz pour assurer à toutes deux un avenir et elle donnera le fils qu’elle enfantera avec Boaz à Naomie, comme en témoignent les femmes de Bethléem : « Et les voisines désignèrent l’enfant en disant :  » un fils est né à Noémie  » (Ruth 4, 17), elle s’en occupera comme du sien : Noémie prit l’enfant, le mit sur son sein, et se chargea de l’élever » (Ruth 4,16). 

On voit donc combien Ruth fait passer son intérêt personnel après celui des autres. Boaz lui aussi est décrit comme un homme de Hessed, il est le premier à remarquer Ruth l’étrangère, à une période (celle des Juges) où les étrangers n’étaient pas aimés, voire même chassés.  Il l’a prise sous son aile, il subvient à ses besoins matériels et il l’a traite avec respect et humanité. On perçoit  dans le texte, combien dans ce trio ‘’D.ieu-Boaz-Ruth’’, le don de soi et la générosité ne sont pas de simples notions,  le mot Hessed n’est pas utilisé trois fois en vain dans le texte.

Le Hessed permet le lien entre D.ieu et les hommes.

L’homme, la femme et la terre

En allant encore plus loin dans le texte, on peut également trouver un point commun supplémentaire entre le  récit du don de la Torah et le Livre de Ruth, c’est le rapport à la terre.

Il est intéressant de remarquer que dans les deux récits, les lois concernant la terre d’Israël sont mentionnées ou du moins sous-entendues. Sur le mont Sinaï, est mentionnée la loi de la shmita, le repos de la terre la septième année. Dans le Livre de Ruth, nous comprenons que de la manière de récolter sa terre découle trois  façons de faire un don aux pauvres : Péa, Leket et Chikheha. 

Péa signifie le coin, en hébreu. On comprend qu’il faut laisser un coin du champ dédié aux pauvres, pour qu’ils puissent  « récolter ce qui y pousse ».

Leket signifie les glanages : épis de grain tombés de la main de la faucheuse ou de la faucille pendant la récolte du grain qui peuvent être ramassés par les nécessiteux.

Chikheha,  des gerbes laissées et oubliées dans le champ pendant que la récolte est amenée à l’aire de battage, ainsi que les produits négligés par les moissonneuses, pour que les pauvres puissent les ramasser discrètement.

La loi de la shmita, le repos de la terre pendant une année entière sans la travailler, est une preuve de Emouna, la foi en D.ieu, pour que la terre prospère. Les lois de la terre, concernant la récolte, apparues dans le Livre de Ruth ont une motivation toute autre : elles concernent son prochain, par la bonté et la générosité. Ces quatre lois nous montrent combien le lien du Peuple envers sa terre et envers D.ieu est important. Par la foi et le don, l’homme se rapproche de son Créateur.

L’homme, la femme et D.ieu

Pour finir cette mise en parallèle de ces deux textes, celui de la Torah et celui du Livre de Ruth, il est important de souligner que le don de la Torah a établi des règles et des lois entre D.ieu et son peuple.  Ruth, elle, choisit  de plein gré d’en faire partie :  « car où tu iras, j’irai ; où tu t’arrêteras, je m’arrêterai ; ton peuple sera mon peuple, et ton D.ieu sera mon D.ieu » (Ruth 1,16). Ruth, recevra elle aussi la Torah, par choix personnel, de manière individuelle. Les midrashim nous expliquent que Ruth a changé de nom, elle avait auparavant un prénom moabite, de sa tribu, elle s’appelait ‘’Galit’’. La guématria du prénom Ruth est de 606, en y ajoutant le chiffre 7 qui correspond aux sept lois Noahides qui ont été données par D.ieu à Noé, qui doivent être respectées par tous les êtres humains, on obtient le chiffre 613, qui correspond au nombre exact de mitsvot, les commandements de la Torah donnée au peuple juif. Ruth en observant le second commandement, en rejetant les idoles sera récompensée de manière exceptionnelle, de sa descendance naîtra la lignée des Rois d’Israël, en commençant par le roi David, arrière petit fils de Ruth.

Références

Références
1Le Livre de Ruth est composé de 4 chapitres.
2Le mot hessed est traduit dans ce verset par bienveillance.
3Il y a trois dons aux pauvres des champs : Péa, Leket et Chikhha, c’est ce que récolte Ruth.

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