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Le 10 Tevet : le refus de la médiocrité et de l’enfermement

Le jeûne du 10 Tevet est l’un des quatre jeûnes commémorant la destruction des deux Temples de Jérusalem. Le prophète Jérémie (52,4) nous raconte qu’au 10 Tevet 3337 (-424), les troupes de Nabuchodonosor, empereur de Babylone, soumirent Jérusalem à un siège qui mènera, un an et demi plus tard, à la chute de la ville sainte.
Le 10 Tevet : le refus de la médiocrité et de l’enfermement

Le jeûne du 10 Tevet est l’un des quatre jeûnes commémorant la destruction des deux Temples de Jérusalem. Le prophète Jérémie (52,4) nous raconte qu’au 10 Tevet 3337 (-424), les troupes de Nabuchodonosor, empereur de Babylone, soumirent Jérusalem à un siège qui mènera, un an et demi plus tard, à la chute de la ville sainte.

Le jeûne du 10 Tevet est l’un des quatre jeûnes commémorant la destruction des deux Temples de Jérusalem.

Le prophète Jérémie (52,4) nous raconte qu’au 10 Tevet 3337 (-424), les troupes de Nabuchodonosor, empereur de Babylone, soumirent Jérusalem à un siège qui mènera, un an et demi plus tard, à la chute de la ville sainte.

Le deuil est un sentiment aigu exprimant le manque de l’être aimé.

Par conséquent, on commémore le jour anniversaire du décès de celui qui nous manque. Il serait surprenant de marquer le début de la maladie fatale, puisqu’à ce moment, le malade est encore vivant.

Pourquoi donc jeûnons-nous pour marquer le début du processus de la destruction du Temple ?

Si nous parlons uniquement de deuil, le jeûne du 9 Av devrait suffire puisqu’il marque la perte suprême du Temple et le début d’un long exil.

Pour comprendre ce qui se cache derrière ce jeûne, institué par les prophètes, nous pouvons étudier la Méguilat Taanit, compilation antique de tous les jours de fêtes et de souffrances de l’année juive.

On découvre que le 10 Tevet concentre, en fait, trois jours de jeûne différents :

Le 8 Tevet, sous l’ordre de Ptolémée II, 72 Sages d’Israël (ou 5 selon les versions) durent traduire la Torah en grec.

Cette traduction, connue chez Flavius Josèphe sous le nom de traduction des Septante, fut un jour terrible pour Israël, « équivalent à la faute du Veau d’or et entraîna trois jours d’obscurité sur le monde ».

Le 9 Tevet, décéda Ezra le scribe, initiateur du retour d’Israël de Babylone et de la construction du Second Temple.

Le 10 Tevet, Jérusalem fut soumise à un siège qui entraîna la destruction du Premier Temple.

Pourquoi nos maîtres ont-ils vu la traduction en grec comme une catastrophe nationale ?

Aujourd’hui, une très grande partie de l’étude des Juifs francophones s’appuie sur de précieuses traductions comme la Bible du Rabbinat ou les diverses traductions du Talmud. Les maîtres du Talmud répondent ainsi à cette question : « Car la Torah ne pouvait être convenablement traduite. » ( Sofrim 1,7)

Le proverbe italien dit que « Traduttore, traditore » — « Traduire c’est trahir ».

On ne peut, dans une traduction aussi géniale soit-elle, transmettre toute la richesse du sens.

On est donc condamné à réduire la profondeur du texte biblique à un sens unique, figé.

Il faut ajouter que, pour nos Sages, le grec est une langue à la beauté et à l’harmonie incomparables et constitue l’essence même de l’esthétique de Japhet, ancêtre des Grecs (Méguila 9b).

La légende raconte que Charles Quint, empereur du Saint Empire, disait : « Je parle anglais aux marchands, italien aux dames, français aux hommes, espagnol à D.ieu et allemand… à mon cheval ! »

Chaque langue développe une précision particulière dans les domaines qui la passionnent.

La romance du français, la précision de l’allemand, langue officielle des publications scientifiques au début du XXe siècle, à laquelle l’anglais, alors langue des commerçants, succédera grâce à l’ampleur de l’empire colonial britannique et le poids des États-Unis sur la scène mondiale.

L’hébreu biblique est la langue des concepts spirituels. Seul le grec, langue de la philosophie, pouvait espérer traduire la Torah. Mais c’est là que se trouvait le piège.

Le résultat fut, certes, une merveille d’harmonie, mais ne put contenir toute la profondeur du message divin. La puissance de la Révélation fut enfermée, limitée, nanifiée dans son nouvel habillage hellène.

De même que l’obscurité peut tromper, la beauté de la langue grecque masqua la déshydratation du sens. C’est ce que nos Sages appellent « un jour d’obscurité pour Israël ». La Torah a été enfermée, assiégée.

La disparition d’Ezra le Scribe appartient à cette même dimension de limitation de la grandeur.

Ezra est en fait le dernier prophète, plus connu dans la Bible sous le nom de Malachie, un des 12 petits prophètes. Sa disparition clôt l’histoire de la prophétie.

L’homme, jusqu’alors interlocuteur privilégié du Divin, marche désormais dans un silence prophétique assourdissant. Il doit retrouver le message divin dans la jungle du mensonge, avec son intelligence et la tradition pour seules armes.

Le siège de Jérusalem n’est que la conclusion de ce processus.

Un siège est une limitation de l’expansion et un blocage de la libre circulation. L’homme est enfermé et limité.

Rabbi Moshé Haïm Luzzato, dans son Kiriat Sefer, en paraphrasant le Zohar, nous écrit : « D.ieu, Israël et la Torah forment une seule entité. » Le 8 Tevet, la Torah a été limitée et enfermée dans son habillage grec.

Le 9 Tevet, l’homme et Israël furent enfermés dans une condition humaine inférieure dont la prophétie était absente. Le 10 Tevet, c’est la présence divine elle-même, résidant dans le Temple, qui fut enfermée, complétant le processus.

Lorsque le message rapetisse, l’homme rapetisse. Lorsque l’homme rapetisse, c’est la possibilité de révélation du Divin qui rapetisse.

Mon Maître, Rav Moshé Shapira, nous expliquait que le jeûne du 10 Tevet n’est pas qu’un jour de deuil — ce statut revient au 9 Av —, il est essentiellement le refus de la petitesse et de la limitation.

Le peuple juif est un peuple d’infini qui clame son refus de l’appauvrissement du message. L’homme se doit de refuser la médiocrité, même si elle semble splendide.

Le nom antique du peuple juif est le peuple hébreu — Ivri. Nous tenons ce nom de notre ancêtre Avraham Ha Ivri. Abraham, descendant de Ever, qui se tient, seul monothéiste dans un monde polythéiste, littéralement seul sur le « Ever », la berge du fleuve, alors que toute l’humanité se tient sur l’autre berge.

Mais de quel fleuve parlons-nous ici ?

Certains ont voulu y voir l’Euphrate, mais le Maharal y voit le fleuve qui arrosait le jardin d’Eden avant de se diviser en quatre affluents (Berechit 2,10).

Être de l’autre côté de ce fleuve, c’est en fait garder une connexion avec le jardin d’Eden. Si toute l’humanité a désespéré de revenir un jour au jardin d’Eden, de retrouver la stature idéale d’Adam, Avraham, lui, ne se résigne pas.

Il aspire encore et toujours au retour de la perfection de la condition humaine.

Ce n’est sûrement pas un hasard qu’en 1950, le jour du 10 Tevet fut fixé par le Grand Rabbinat d’Israël comme le jour du Kaddish pour tous les disparus dans la tourmente de la Shoah dont la date de supplice est inconnue.

Face à l’horreur et la barbarie, le peuple juif ne lit pas une simple prière des morts mais clame : « Yitgadal veyitkadach shemey Rabba » — que le Grand Nom de D.ieu soit grandi et sanctifié —, expression parfaite de grandeur d’un peuple face au défi de la petitesse et de la destruction.

Rav Moshé Shapira, brillant penseur de la dernière génération, nous a quittés justement le 10 Tevet.

Il fut aussi le maître à penser de Benny Levy.

Il est frappant que Sivan Rahav Meïr, célèbre journaliste israélienne, témoigne de son incapacité à résumer un enseignement du Rav en un court billet.

Elle conclut que c’était justement toute la quintessence de l’enseignement du maître : on ne peut pas tout résumer, certaines notions doivent rester dans leur grandeur et leur complexité.

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