Saviez-vous par exemple qu’il existe des “murs virtuels” dans la pensée talmudique ? On appelle cela Goud Assik dans le traité Souka : si quelqu’un plante quatre poteaux sur le toit de son immeuble et pose dessus un Skhakh, on considère que les murs de l’immeuble “montent” jusqu’au toit — comme si des parois invisibles entouraient la Souka.
Et que dire de Lavoud, cette idée qu’un espace vide de trois tefa’him (environ 30 cm) est considéré comme fermé, ou du Dofen Aqouma, ce mur “courbé” que seule la logique du Talmud sait voir ?
Eh bien, il y avait à Jérusalem un sage très pieux qui, chaque année, ne construisait sa Souka qu’en s’appuyant sur ces cas limites, ces ‘hidouchim acrobatiques que seul un esprit talmudique est en mesure d’ imaginer.
Chaque visiteur, en entrant chez lui, restait bouche bée :
— “Mais Rabbi, comment votre Souka peut-elle être kacher ?!”
Et aussitôt, un débat passionné s’engageait : Goud Assik, Lavoud, Dofen Aqouma… les discussions s’enflammaient, les sources jaillissaient.
Quand on lui demandait pourquoi il se compliquait autant la vie, il répondait simplement :
“La Souka, c’est un moment de proximité avec D.ieu. Mais il arrive souvent qu’on ne sache pas trop comment occuper ce temps-là, et les mauvaises habitudes reviennent : un mot en trop, un peu de légèreté… Alors moi, je construis une Souka ‘bancale’, pour que ceux qui y entrent se mettent à parler de Torah. Ainsi, au lieu de parler de rien, on parle de D.ieu.”
Et c’est peut-être ça, la plus belle Souka : celle qui, même si elle tient à peine debout, élève les conversations jusqu’au Ciel.