Le cantique des cantiques est un texte connu. Au travers d’une parabole racontant l’amour entre un homme et une femme, il est question de l’amour de D.ieu pour le peuple juif, de la symbiose relationnelle parfaite qui régit les rapports de l’Être divin avec Son peuple.
La physique quantique est-elle en train de devenir, à son insu, un chant d’amour à la Torah et au Créateur ?
La physique quantique nous étonne, nous surprend et nous enchante.
Elle annonce des paradoxes et bouscule toutes nos certitudes.
Parfaitement logique sur le papier, lorsqu’elle s’exprime sous forme d’équation, elle devient inconcevable lorsqu’on réfléchit à ce qu’elle implique concrètement : une particule peut se trouver en deux endroits en même temps, elle peut aussi être dans plusieurs états à la fois et elle est en outre à la fois un corps matériel et une onde.
Le judaïsme connait-il cette « capacité » dans ses lois, dans son mode de réflexion ?
Pour répondre à cette problématique, je vous propose de suivre un dialogue entre un savant et son élève.
L’entretien est centré sur le rapport possible entre le judaïsme et la physique quantique.
L’élève fait mention d’une ressemblance possible entre l’expérience du chat de Schrödinger, ses prédicats, et le mode de raisonnement talmudique.
Cette expérience postule qu’un chat enfermé dans une boîte avec un dispositif de mise à mort lié à la désintégration d’un atome de cyanure, qui pouvait à la fois être intégré et désintégré, est à la fois mort et vivant
Autrement dit , la superposition d’état est-elle aussi une donnée de base du judaïsme ?
La réponse est oui. En voici un exemple parmi tant d’autres, au travers de ce dialogue. Au passage, le maître montre que la théorie des mondes parallèles est également une donnée de base de la Kabbale.
Le maître :
— La mécanique quantique postule l’existence de mondes parallèles.
La théorie des cordes avance progressivement vers cette description de « nos univers ».
Cet énoncé scientifique est une donnée première dans la Kabbale.
En effet, le Sefer Ets Haïm, Hékhal 1, portique 1, explique que toute la création démarre par un rayon de Lumière d’origine divine qui va tout d’abord se réduire, réduire son intensité spirituelle puis qui va produire six espaces de plus en plus matériels.
- L’espace de restriction (du flux lumineux)
- L’espace du Adam hakadmon (concept kabbalistique qu’il n’y pas lieu d’expliquer ici mais qui représente un espace physique)
- Le monde de la Atsilout
- Le monde de la Briya
- Le monde de la Yetsira
- Le monde de la Assiya dans lequel se trouve, entre autres, notre univers.
Ces univers sont comme les tuniques de l’oignon.
Ils sont comme une enveloppe l’un sur l’autre.
Les mondes parallèles sont donc une donnée première pour la Torah.
L’élève :
— Et pour l’expérience du chat de Schrödinger ? Quel est son rapport possible avec le mode du raisonnement talmudique ?
Le Maître :
— L’expérience du chat de Schrödinger est le fruit d’une théorie qui repose sur la possibilité pour un corps d’être dans divers états et dans diverses positions concomitamment.
C’est une base de raisonnement du Talmud qui colle très bien avec les intuitions quantiques.
Exemple : une marmite contenant des morceaux de viande kashère, du jus et des légumes.
Un morceau de viande non-kashère tombe malencontreusement dans cette marmite et on n’arrive pas à identifier le morceau non-kasher. Tous les morceaux sont maintenant interdits car l’on ne distingue plus ce qui est kasher de ce qui ne l’est pas.
Ensuite, plusieurs morceaux tombent fortuitement dans une autre marmite qui contient aussi de la viande.
Là, j’ai un doute qui s’énonce comme suit : peut-être que le morceau non-kasher fait partie de ces morceaux ou peut-être pas.
Conséquence : je ne peux toujours pas manger ces morceaux.
Si des morceaux tombent de cette deuxième marmite dans une troisième marmite, cette fois-ci j’ai un safek séféka — un double-doute. Je peux penser que le morceau non-kasher est passé de la première marmite à la deuxième. En admettant que ce soit vrai, qui me dit qu’il est passé dans la troisième marmite ?
Conclusion : j’ai le droit de manger les morceaux de viande qui se trouvent dans la troisième marmite car il est fortement probable que le morceau non-kasher n’ait pas atterri dans celle-ci.
Imaginons maintenant que nous arrivions à 120 ans au tribunal céleste et que l’on nous montre qu’il y avait effectivement le morceau non-kasher dans la troisième marmite.
Va-t-on en enfer?
Non, car ce morceau « non-kasher » est devenu « kasher » par la règle du double doute — safek séféka —qui m’autorise à manger ce qu’il y a dans la troisième marmite.
Et le maître de conclure :
— Un morceau, à la fois « kasher » et « non-kasher », cela ne vous rappelle rien, mon cher élève ?!
L’histoire des sciences nous montre souvent des savants pris dans des paradoxes qu’ils ont su surmonter. On voit ici que le Talmud se nourrit de ces situations paradoxales et sait en tirer des conclusions pratiques.
Le paradoxe est au Talmud ce que l’intuition est à la physique quantique : il enrichit la réflexion, il soulève l’enthousiasme. C’est un moteur d’intelligence !