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En attendant Shabbat… Paracha Vayikra : la puissance de Benyamin

:La mise en garde contre toutes les formes d’idolâtrie fait le lien entre Pourim et la paracha Vayikra, première du livre du Lévitique. Benyamin est appelé par son essence à jouer un rôle clé dans l’unification du peuple d’Israël au service du D.ieu Un. Cette règle semble se vérifier du vivant de Benyamin, comme au temps de l’exil de Babylone et de nos jours…
En attendant Shabbat... Paracha Vayikra :la puissance de Benyamin

La Paracha Vayikra ouvre le livre de Vayikra, qui est aussi appelé « Torat Cohanim » (littéralement la Torah des Cohen), ou encore « Lévitique » en français. En effet, ce livre va nous dicter les règles de sainteté dans le service du Temple, en particulier dans la conduite des « sacrifices ». 

Maïmonide soutient que la Torah n’a pas exigé les sacrifices (qui étaient un culte païen de l’époque de la Torah) mais les a plutôt tolérés (reconnaissant le besoin des Hommes de pratiquer un culte), en exigeant cependant qu’ils soient uniquement adressés à D.ieu, pour détourner les Hébreux de l’idolâtrie.

Le roi David ainsi que les prophètes Samuel, Amos et Jérémie ont d’ailleurs mis en garde les Hébreux contre une dérive purement cultuelle des sacrifices, dépourvue d’intention sincère vis-à-vis de D.ieu, une attitude finalement très proche de l’idolâtrie [1]Voir le commentaire du Rav Jonathan Sacks sur Vayikra : https://rabbisacks.org/covenant-conversation/vayikra/the-prophetic-view-of-sacrifice/… Le Rav Dessler [2]Michtav Me Eliyahu, commentaire sur la paracha Vayikraainsi que le Rav Léon Askenazy [3]Voir son commentaire sur Vayikra http://manitou.over-blog.com/article-vayiqra-1994-2eme-partie-46804143.html nous alertent, quant à eux, contre des formes d’idolâtrie plus subtiles, où des personnes pourtant dotées d’un haut niveau spirituel et d’un grand enthousiasme, se « sacrifient » au service d’une personne charismatique, d’un « idéal » ou d’une « juste cause » qu’ils finissent par considérer comme un absolu et par substituer au service de l’infini.

Voyons maintenant comment ces mises en garde sur l’idolâtrie se rattachent à la fête de Pourim. 

La Guemara (Chulin 139b) pose en effet la question :

Ester min hatorah minayin ? – Où est l’allusion à Esther dans la Torah ?

Et elle nous livre une réponse édifiante : le livre de Devarim (verset 31 :18) nous indique en effet un lien subtil entre la fête de Pourim et l’idolâtrie.

Veanokhi haster hastir panay bayom hahou hal kol haraha asher asah: ki pana el Elohim a’herim

Et Moi caché Je cacherai ma face en ce jour-là, à cause de tout le mal que ce peuple a fait car il s’est tourné vers d’autres dieux.

On voit ainsi associé à l’idolâtrie le nom de la reine Esther (Ester signifiant « caché » en hébreu mais correspondant aussi au nom d’une divinité persane). Esther s’appelait en réalité Hadassah en hébreu. 

Quel est le rapport entre Pourim et l’idolâtrie ? 

Yehuda Halevi [4]Kuzari II, 24 explique que, comme le peuple juif a choisi de continuer de résider en Perse alors qu’il avait la possibilité de rentrer en Israël, il s’est mis sous la souveraineté « d’autres dieux » que le D.ieu Un (la recherche du confort matériel, de la bienveillance d’Assuerus, etc.), ce qui a eu pour résultat l’arrêt de la révélation. La prophétie s’arrête d’ailleurs précisément à cette époque et la Providence divine se « cache » alors sous l’apparence de la nature, comme dans la Meguilat Esther où son nom n’apparaît pas une seule fois… 

Voyons maintenant ce que représentent les personnages de Mordechai et d’Esther, dont la Meguila nous précise qu’ils sont issus de la tribu de Benyamin, exilée en Babylonie avec la tribu de Yehuda. Benyamin, le père de cette tribu, est le douzième et dernier fils de Yaakov. Il a joué un rôle essentiel dans la réconciliation entre Yosef et ses frères, par sa capacité à faire la synthèse entre le rayonnement extérieur et matériel incarné par Yosef et l’esprit de préservation identitaire et spirituelle représenté par Yehuda. Mais la puissance de Benyamin est également illustrée dans un autre épisode clé du récit de la Torah. Benyamin est en effet encore dans le ventre de sa mère Rahel quand Yaakov retrouve, avec une grande appréhension, son frère Essav juste avant son retour en Eretz Israel. C’est donc le seul enfant de Yaakov qui, non seulement va naître en Eretz Israël, mais qui ne se prosterne pas devant Essav au moment de la rencontre entre les deux frères [5]Voir à ce sujet le commentaire du Rav Léon Askenazi sur Pourim http://manitou.over-blog.com/article-pourim-1979-4eme-partie-69257541.html. La tribu de Benyamin puise ainsi sa source dans le refus de toute soumission à une souveraineté étrangère, ce qui explique pourquoi elle a eu le mérite d’accueillir le Temple de Jérusalem, le rendant hermétique aux tentations idolâtres. On retrouve cette droiture spirituelle et morale dans le comportement de Mordechai, qui au péril de sa vie, refuse de s’agenouiller devant Haman (un descendant d’Amalek, lui-même petit-fils d’Essav…), et qui va finalement permettre par son action la réunion des Juifs dispersés de Babylone, la destruction d’Amalek et la reconstruction de Sion sous le patronage d’Ezra et Néhémie.

Tout ceci résonne fortement avec la période actuelle, où il été confié à deux Benyamin [6]Benyamin Netanyahu et Benny Gantz la responsabilité « dans le pays que l’Éternel ton D.ieu [nous] a donné en héritage pour l’occuper, d’effacer le souvenir d’Amalek de dessous les cieux » (Deutéronome, Paracha Zachor, 25 :19).[7]Ce verset, ainsi que les deux qui le précèdent, sont lus le chabbat précédant Pourim (appelé le chabbat « zachor »)

On voit quotidiennement dans la guerre d’Israël contre le Hamas que les Nations, représentées par Essav, se coalisent implicitement avec le Hamas (la figure d’Amalek) en essayant de contraindre Israël, dans le but, plus ou moins avoué, de permettre à Amalek de survivre et de pouvoir frapper à nouveau. Le détour par l’histoire de Pourim et de Benyamin indique que l’enjeu de cette lutte n’est pas seulement géopolitique mais en réalité métaphysique et spirituel : arriverons-nous à trouver en nous la emouna nécessaire pour triompher « d’ennemis » qui sont en réalité le reflet de nos peurs et de nos doutes intérieurs ?

Références

Références
1Voir le commentaire du Rav Jonathan Sacks sur Vayikra : https://rabbisacks.org/covenant-conversation/vayikra/the-prophetic-view-of-sacrifice/
2Michtav Me Eliyahu, commentaire sur la paracha Vayikra
3Voir son commentaire sur Vayikra http://manitou.over-blog.com/article-vayiqra-1994-2eme-partie-46804143.html
4Kuzari II, 24
5Voir à ce sujet le commentaire du Rav Léon Askenazi sur Pourim http://manitou.over-blog.com/article-pourim-1979-4eme-partie-69257541.html
6Benyamin Netanyahu et Benny Gantz
7Ce verset, ainsi que les deux qui le précèdent, sont lus le chabbat précédant Pourim (appelé le chabbat « zachor »

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