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En attendant Shabbat… Paracha Ki Tissa : du veau d’or à la Tsedaka, l’apprentissage de la relation au divin

La paracha Ki Tissa relate l’un des épisodes les plus commentés de la Torah : celui de la faute du veau d’or. De ce qui apparaît comme l’une de ses plus graves fautes collectives, Israël va faire l’apprentissage de la relation au divin.

Suite à la révélation du Mont Sinaï et la promulgation de la loi (parachiot Yitro et Mishpatim), Moshé est resté 40 jours sur le Mont Sinaï pour en redescendre avec les premières tables de la loi, gravées par D.ieu lui-même. Du fait d’un retard de quelques heures, une partie du peuple d’Israël a pensé qu’il était mort et, prise de panique, s’est construit une statue représentant un veau en or. 

Plusieurs commentateurs ont trouvé dans le texte biblique des éléments indiquant que la partie du peuple en question était en réalité constituée du « erev rav » (grand mélange), ces divers peuples qui ont souhaité se joindre au peuple hébreu au moment de sa sortie d’Egypte. En effet, ces peuplades, qui, auparavant vouaient comme les Egyptiens un culte aux astres et autres éléments naturels et percevaient le créateur du monde comme distant des hommes et absent de la création, ont été convaincus par Moshé quand il leur a présenté le « D.ieu de la morale humaine et de la Providence » qui est celui d’Israël. Cependant, ils n’ont pas connu la longue préparation morale du peuple hébreu, qui s’est étendue sur sept générations, de Avraham à Moshé. L’intégration de ces peuplades au peuple hébreu s’est déroulée dans la précipitation, sur la seule décision de Moshé. Ainsi, ces peuples, insuffisamment préparés à la foi d’Israël, n’ont pas pu intégrer la notion fondamentale que les Hébreux sont directement reliés au divin via leur filiation – dans leur cas, leur naturalisation- et n’ont pas besoin de médiateur pour pratiquer le culte d’Hachem. Ainsi, le veau d’or avait pour fonction de remplacer Moshé davantage que D.ieu lui-même, ce que nous révèle en particulier le verset 32, 1 :  

Le peuple, voyant que Moshé tardait à descendre de la montagne, s’attroupa autour d’Aaron et lui dit: « Allons! fais-nous un dieu qui marche à notre tête, puisque celui-ci, Moshé, l’homme qui nous a fait sortir du pays d’Égypte, nous ne savons ce qu’il est devenu.« 

La Guemara dans le traité Sanhedrin (102a) dit qu’aucune épreuve que traverse Israël n’est totalement dénuée d’une trace de la faute du veau d’or. C’est que la faute du veau d’or révèle en réalité une faille fondamentale dans le rapport de l’humanité au transcendant : nous avons énormément de mal à concevoir comment le transcendant, dont nous n’avons pas de trace visible, interagit avec le règne immanent de la nature. Alors, depuis la faute d’Adam, nous sommes pris entre la tentation de prendre nous-mêmes la place de D.ieu (auto-divinisation) ou celle de diviniser des personnes ou des éléments matériels supposés nous fournir un accès vers le divin (idolâtrie). 

Ce n’est certainement pas fortuit si, juste après la faute du veau d’or, Moshé demande à D.ieu de lui « découvrir sa Gloire » (verset 33, 18), D.ieu ne lui montrant alors qu’une partie de son essence (« Tu ne saurais voir ma face; car nul homme ne peut me voir et vivre« , verset 33, 20). A la suite de cet extraordinaire dévoilement à son prophète, D.ieu a souhaité donner une preuve concrète de sa présence dans la nature à travers le commandement d’édifier le Mishkan (Sanctuaire mobile). Ainsi, Maimonide voit le Temple comme un moyen de lutter efficacement contre toutes les tendances idolâtres qui existaient au sein du peuple d’Israël, sorti tout droit du centre mondial de l’idolâtrie, l’Egypte (voir le Guide des Egarés, troisième partie, chapitre 45). 

Nahmanide soutient à l’opposé de Maimonide que le Mishkan n’est pas destiné à réparer la faute du veau d’or mais constitue le but ultime de la création. La Torah n’est pas un récit chronologique, mais prophétique, dont chaque lettre est vectrice de sens. Dans le mode de pensée des hommes, la temporalité des événements dicte souvent le sens de leur causalité. Chronologiquement, la faute du veau d’or précède les instructions relatives à la construction du Mishkan, donc il semble selon la logique humaine que les secondes soient l’effet de la première. Cependant, le fait que les parachiot Terouma et Tetsave, qui se rapportent à la construction et au service du Mishkan, soient lues avant le récit de la faute du veau d’or vient au support de l’hypothèse de Nahmanide selon laquelle le Mishkan (qui préfigure le Temple de Jérusalem) vient en réalité annuler, non le Mal lié aux défaillances de l’Homme, mais le Mal ontologique de la Création. Dans cette conception, la faute du veau d’or serait simplement venue amener de façon anticipée le projet initial d’édification du Temple.

Le Temple n’existant plus, il nous faut nous souvenir du deuxième commandement que D.ieu nous a donné pour nous aider à accueillir sa présence. Au début de la Paracha Ki Tissa, D.ieu demande en effet à Moshé de faire le décompte des enfants d’Israël, au travers d’une donation d’un demi-shekel faite par chaque enfant d’Israël pour le service du Mishkan  (ce qui vient réparer au passage l’empressement avec lequel certains enfants d’Israël ont fourni leurs bijoux lors de la formation du veau d’or…). Ici encore, bien que ce décompte survienne après la faute du veau d’or, il est malgré tout placé en tête de la Paracha (lui donnant son nom Ki Tissa – « quand tu feras le décompte »), peut-être pour appeler à nouveau notre attention sur le fait que cette mitzvah dite du « Mahatsit hashekel » n’est pas venue en réponse à la faute, mais qu’elle constitue au contraire sa propre finalité. En apportant ce demi-shekel pour le service du Mishkan, nous permettons en effet la réunion du Ciel et de la Terre, chacun des deux côtés représentant les faces pour le moment séparées de l’unité originelle. 

La mitzvah du Mahatsit hashekel  est aujourd’hui accomplie au travers d’un acte de Tsedaka (charité). La Tsedaka est donc investie de nos jours d’un rôle comparable à celui du service du Temple hier. Mais le livre Taharat Hakodech nous apprend en réalité que « la Tsédaka est plus grande que les sacrifices et a plus d’importance que la construction du Temple et que l’accueil de la Chekhina « (Présence divine). « La Tzedakah et les actes de bonté sont l’équivalent de toutes les mitsvot de la Torah », lit-on dans le Talmud de Jérusalem, Pe’ah 1 : 1. 

Aucune autre mitzvah ne demande en effet le même niveau d’abnégation que la Tsedaka. Lorsqu’une personne met de côté une partie de son argent et la donne à des œuvres caritatives, elle ne sanctifie pas simplement sa nourriture, ou quelque autre possession ; elle « sacrifie » quelque chose pour lequel elle s’est entièrement investie, au nom de l’amour de D.ieu et de ses semblables. L’Homme réalise donc bien à travers l’acte surnaturel de la Tsedaka le lien le plus authentique avec le divin que l’on puisse imaginer…

 

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