C’est l’histoire d’une petite communauté juive qui vivait dans la ville de Thann, en Alsace dès le 13ème siècle jusqu’à la guerre de Trente Ans (1618-1648).
A la fin de cette longue guerre de religions qui a déchiré l’Europe et après rachat des terrains nécessaires, une synagogue est conçue en 1859-1862 par l’architecte Poisat de Belfort, et permet grâce à cet édifice de satisfaire un besoin religieux ressenti depuis longtemps. Il choisit pour l’architecture et la décoration le style Néo-byzantin, avec voûtes, dômes et arcades.
Malheureusement, la synagogue sera en partie détruite durant la première guerre mondiale par un bombardement, mais elle sera de nouveau reconstruite rapidement.
Mais avec le temps, la communauté juive thanoise s’amoindrit, et juste avant la Seconde Guerre mondiale, en 1940, elle ne forme plus qu’un petit groupe de cent soixante personnes regroupées autour de la synagogue.
Le sort s’acharne encore sur cette petite bâtisse à l’allure si majestueuse. Sous l’occupation allemande, elle sera saccagée et réquisitionnée par les nazis.
Les quelques juifs de la petite ville de province seront déportés et exterminés. Le 8 décembre 1944, la ville de Thann sera libérée mais la communauté juive, brisée, ne compte plus que trente cinq survivants.
Petit à petit, cette communauté s’éteindra comme la flamme d’une bougie vacillante et en 1983 le dernier mariage juif sera célébré dans la synagogue de Thann.
La famille de Madame Ferrari arrive à Thann en 1946. Elyane grandit sur place dans une famille ’’mixte’’, loin du judaïsme, sa mère cachant son origine juive.
En 2013, en entrant pour la première fois dans la synagogue abandonnée, elle fut saisie par une odeur envoutante de vieux livres mouillés. Bouleversée par cette odeur, elle décide alors avec un enthousiasme hors du commun de tout faire pour rénover ce lieu historique et crée ’’l’association des amis de la synagogue de Thann’’.
Les travaux de réhabilitation commencent. Rapidement des fouilles sont entreprises dans la cour de la synagogue sous le macadam, car Madame Ferrari avait trouvé des plans aux archives départementales de la région, sur lequel figurait un bain rituel et une école ’’un beth midrash’’.
Très vite, sous le bitume, un mikveh datant de 1860 fut dégagé. Les fouilles continuent dans le vieux cimetière détruit, la tombe la plus ancienne restaurée remonte à 1799, et la plus récente à 1916. En 2015, toujours grâce à madame Ferrari et ses amis de l’association, le vieux cimetière a pu lui aussi être entièrement restauré.
Sur place, une stèle gravée y porte le nom des juifs thannois déportés et assassinés par la barbarie nazie.
L’édifice religieux restauré est depuis 2016 inscrit au titre des monuments historiques et a retenu l’attention de la ’’Mission Patrimoine’’ portée par le célèbre et passionné d’histoire Stéphane Bern.
Grâce à lui, un budget conséquent a été alloué pour la restauration du lieu historique qui appartient aujourd’hui au Consistoire Israélite du Haut Rhin.
Le Grand Prix 2017 de la »Société d’Histoire des Israélites d’Alsace et de Lorraine » a été attribué à Madame Ferrari et son association pour son action déterminante et constante dans le projet de sauvetage de la synagogue, du vieux cimetière, et de l’ancien bain rituel.
Ainsi La synagogue de Thann peut conserver sa fonction cultuelle même si elle ne possède plus de Sifrei Torah ni de fidèles, mais elle a aussi un usage culturel avec l’organisation de concerts, de conférences et d’expositions.
Le travail de mémoire est important pour Madame Ferrari, et c’est pourquoi elle a consacré son temps et son énergie à sauver la synagogue de Thann de l’oubli et de l’abandon. ’
’Un jour peut être , dit-elle, des juifs reviendront vivre dans notre ville, ils auront une synagogue pour y prier’’
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