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Sur les traces des Juifs de Provence

« Juifs du pape ». En voilà une expression bien étrange ! Ainsi étaient qualifiés les Juifs autorisés à vivre dans le Comtat Venaissin et à Avignon – alors possessions du Saint-Siège –, de la fin du Moyen ge à la Révolution, à l’heure où leurs coreligionnaires du Royaume de France n’étaient plus autorisés à habiter le territoire. Avec les Alsaciens, ces Israélites aux patronymes reconnaissables (Crémieux, Naquet, Lunel, Vallabrègues ou encore Milhaud) allaient former, un demi-millénaire durant, une communauté singulière, à l’histoire bien distincte. Retour sur un particularisme méridional français.
Sur les traces des Juifs de Provence

Une enclave pontificale en Provence

Au XIVe siècle, les expulsions se multiplient dans le royaume de France. Temporairement d’abord, en 1306 et 1322, puis « définitivement » en 1394, sous le règne de Charles VI. Les Juifs du Languedoc – qui ont connu un âge d’or aux XIIe et XIIIe siècles sous les seigneurs de Narbonne et de Béziers – poussent plus à l’est, lors de la reconquête du Languedoc par les rois de France. La Provence devient alors le refuge d’un grand nombre de Juifs et le restera jusqu’à la fin du XVe siècle. La réunion de la région au royaume de France en 1480, après la mort du « bon roi René » connu comme un protecteur éclairé, annonce des heures sombres ici aussi. De sorte qu’en 1501, les Juifs de Provence sont à leur tour contraints de choisir entre la conversion forcée et l’exil. Si certains émigrent en Italie où  traversent la Méditerranée pour s’installer en Afrique du Nord et dans l’Empire ottoman, d’autres optent pour l’enclave « vauclusienne », où les papes leur garantissent une certaine sécurité. La motivation de ces derniers est avant tout théologique, maintenant les Juifs dans un état de pauvreté et de dépendance au moyen des restrictions professionnelles, le Saint-Siège fait apparaître les « témoins de la Passion » comme des vagabonds méprisés, châtiés pour avoir refusé de reconnaître le Christ comme le Messie.

Enfermés dans des « carrières »

En Provence, comme partout ailleurs en France, la présence juive est aujourd’hui rappelée par des toponymes évocateurs (Judaria, Jutarie, rue des Juifs, rue de la Juiverie…), mais aussi grâce à la subsistance de vestiges tangibles, nombreux et bien préservés dans certaines bourgades où les Juifs furent autorisés à se maintenir, parfois sans discontinuer, jusqu’à l’époque contemporaine. Contraints de rejoindre un quartier assigné appelé « carrière », les Juifs vont vivre selon le bon vouloir des papes, dont la tolérance reste, à l’époque concernée, encore toute relative.

Les « Arba kehilot »

En 1624, les Juifs des États pontificaux sont sommés de rejoindre quatre villes pour réduire leurs contacts avec le monde chrétien et accroître leur surveillance. Appelées « les quatre communautés saintes », en souvenir des quatre cités saintes d’Israël (Jérusalem, Hébron, Tibériade et Safed), les villes d’Avignon, Carpentras, Cavaillon et l’Isle-sur-la-Sorgue continuent de témoigner des particularismes judéo-comtadins jusqu’à ce jour.

La synagogue de Carpentras, un joyau quasi millénaire

Napoléon aurait pu dire de ce lieu désormais hautement touristique : « Du haut de cette salle de prière, huit siècles vous contemplent ». Reconstruite sur les fondations d’un premier lieu de culte juif du XIVe siècle, la synagogue de Carpentras, la plus septentrionale des Arba Kehilot, passe pour l’une des plus anciennes communautés en fonction d’Europe. Un véritable immeuble-ville ! Deux mikvaot — l’un du Moyen Âge, le second (chauffé) du XVIIe siècle — un four à coudolles (matzot) accompagné de sa table de pétrissage et de son laminoir, un autre destiné à la production du pain ordinaire, une boucherie à volailles… et une architecture générale qui en fait un lieu vraiment incontournable. Avec ses faux marbres, ses ferronneries et son kissé Eliyahou suspendu (que l’on retrouvera également dans la synagogue de Cavaillon, qui lui est contemporaine), la salle de prière de style baroque semble traverser les âges sans vieillir ni se flétrir.

Dans le cimetière juif local, ouvert en 1343, de belles stèles surprendront le visiteur à travers les travées boisées et les pierres moussues. Certaines dalles, disparues sous un enchevêtrement de ronces et de lierre, restent d’ailleurs à découvrir. Parmi celles, toujours lisibles, on reconnaîtra le nom de proches du compositeur Darius Milhaud ou encore celui de la sœur du Capitaine Dreyfus.

La synagogue de Cavaillon, un chef-d’œuvre rocaille

Avec son décor Louis XV et ses ferronneries italianisantes, la synagogue de Cavaillon (1774) est un remarquable exemple de l’art rococo. Bâtie sur les vestiges d’une synagogue médiévale (1494) dont il ne subsiste qu’une tourelle, la pièce de prière et son rez-de-chaussée, jadis aménagé en boulangerie casher, accueillent depuis 1963 le Musée Juif Comtadin. Remarquablement conservée, la petite synagogue trône dans l’ancienne rue juive. Ouverte en 1624 et habitée par de vieilles familles israélites locales jusqu’au début des années 1920, la « rue Hébraïque » est la dernière carrière encore visible de l’ancien Comtat.  Autrefois fermée à ses deux extrémités et surveillée de nuit par un garde rémunéré par la communauté, elle rappelle par son exiguïté les heures difficiles vécues à l’Époque moderne

Entre deux rubis, un diamant brut…

Surnommée la « Venise provençale », l’Isle-sur-la-Sorgue est un paradis de verdure et d’eau pure. Connue des férus d’antiquités, la cité – localisée à équidistance de Carpentras et Cavaillon – a accueilli des Juifs, au moins à partir du XIIIe siècle. Il faudra néanmoins une certaine dose d’imagination pour se figurer à quoi pouvait ressembler le ghetto dans lequel les Juifs furent assignés à résidence dès la fin du Moyen Âge. La vie de la communauté isloise s’organisait autour d’une place centrale (aujourd’hui Place de la juiverie) où se concentraient les activités économiques, essentiellement tournées vers l’industrie textile, appelée à devenir lucrative au XVIIIe siècle. En témoigne l’immeuble Beaucaire — en cours de restauration — qui atteste d’une nette amélioration des conditions de vie peu avant la Révolution.

La cité des Papes

Enfin, un détour semble s’imposer à Avignon, dont les remparts du XIVe siècle plongeront le visiteur dans le glorieux passé médiéval de la « cité des Papes ». Partant du célèbre pont d’Avignon (ou pont Saint Bénezet) qui enjambe le Rhône, on gagnera aisément la « rue de la Vieille Juiverie », où se trouvait jusqu’au XIIIe siècle le premier quartier juif, face au Palais des Papes. L’actuelle synagogue (1846), connue pour sa rotonde intérieure néoclassique et sa coupole ouvrant sur le ciel, nécessitera de s’aventurer dans les ruelles tortueuses de l’ultra-centre, qui conserve également l’une des portes de l’ancienne carrière.

Si d’aventure votre séjour s’éternise, un détour par Pernes-les-Fontaines pourra vous donner à voir un intéressant mikveh dans l’Hôtel de Cheylus. Creusé à quelques mètres sous la chaussée, entre 1504 et 1569 (date d’expulsion des Juifs locaux), il est l’un des rares exemples de bain rituel privé.

Voilà donc un aperçu rapide des sites juifs d’exception qu’offre à voir la Provence historique. Une proposition de parcours détaillés, associant également les villes de Nîmes, Saint-Rémy-de-Provence, Aix ou encore Trets pourront venir compléter cet itinéraire indicatif.

 

Pour lire la partie 2 de cet article, rendez-vous ici

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