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Le Codex Sassoon rentre à la maison

On le nomme le Codex Sassoon, mais il a dû porter bien d’autres noms au cours de sa longue vie. Né au Xᵉ siècle de notre ère, voire à la fin du IXe, il perpétue avec obstination la parole sacrée. Après un long périple en diaspora, il rejoint enfin le pays du peuple dont il raconte l’histoire tumultueuse. Tel un messager fatigué, mais victorieux, le vénérable manuscrit se laissera désormais admirer et choyer au musée du peuple juif ANU. Noblesse oblige et histoire de ne pas le froisser, nous vous recommandons de maîtriser quelques éléments de bio indispensables à cette rencontre émouvante.
codex Sassoon

Qui était David Solomon Sassoon ?

Né le 8 décembre 1880 à Bombay, David doit son nom à son grand-père paternel, fondateur de la dynastie Sassoon, dont les membres sont souvent désignés comme les « Rothschild de l’Est ».

Comme sa mère, Flora, David a reçu une solide éducation juive et a été formé à la lecture et l’écriture arabe, par des tuteurs bagdadi : les rabbins Isaac Agassi et Joshua Abraham. À l’âge de huit ans, le petit David connaît par cœur les liturgies juives et étudie la Torah assidûment. Avec le reste de sa famille, il s’installe en Angleterre au début du XXe siècle et épouse Selina Prins, descendante de deux célèbres familles ashkénazes de Hollande et d’Allemagne. Le couple a deux enfants : Flora (Farha ; 1914-2000) et Solomon (Sliman ; 1915-1985).

Comme son père, David entretient une synagogue dans sa maison londonienne. Philanthrope dans l’âme, il soutient de nombreuses causes communautaires juives, tant locales qu’internationales et participe notamment activement au sauvetage des Juifs fuyant l’Europe avant la Seconde Guerre mondiale, hébergeant parfois des réfugiés dans sa propre maison.

Homme d’affaires prolifique, bienfaiteur, David Sassoon est surtout un homme d’étude, un érudit et un amoureux du patrimoine juif. Familier du Farsi, du grec et même des hiéroglyphes, il écrira six livres et près de cinquante articles, d’autres étant encore manuscrits à ce jour. Sa contribution majeure à l’érudition du monde juif étant le catalogue en deux volumes, de plus de 1 500 pages, des manuscrits hébreux et samaritains en sa possession privée, intitulé Ohel Dawid et publié en 1932 par Oxford University Press.

L’origine de cette bibliothèque, saluée par Cecil Roth en 1941 comme « l’une des plus magnifiques collections de manuscrits hébreux privés au monde aujourd’hui », remonte à l’enfance de David Sassoon. À l’âge de 8 ans, il acquiert en effet une traduction arabe du livre de Ruth imprimée à Bombay en 1859, contre un cerf-volant à un ami… À partir de ce moment-là, il ne ménagera aucun effort pour dénicher les plus beaux trésors du patrimoine juif, voyageant d’un bout à l’autre de la terre pour réunir la mémoire culturelle et cultuelle du monde juif ancien.

Pour la petite histoire, après l’Anschluss autrichien de mars 1938, David Sassoon comprend que la menace d’une guerre mondiale est imminente. Il écrit dans son journal du 11 avril 1938 : « Hier soir, j’ai emporté de leur maison quelques manuscrits et livres imprimés – des livres avec lesquels j’avais passé mes jours et mes nuits, des livres dans lesquels je prenais plaisir chaque jour, des livres saints, plus précieux et plus chers pour moi que des quantités d’or fin – et avec grand soin les aient enveloppés dans du papier afin de les envoyer en lieu sûr. Cet après-midi, avec mon fils Sliman, que Dieu le protège et le garde, j’ai pris les colis et j’ai commencé à les déposer sur le siège intérieur d’un taxi. […] Plus tard, avec ma duchesse [Selina], que Dieu la protège et la garde, je suis allé dans un endroit appelé Winchester House Safe Deposit, sur [Old] Broad Street, et avec le cœur brisé, nous avons stocké les livres dans une salle blindée. Je les ai serrés dans mes bras, je les ai embrassés et je les ai pressés contre mes yeux – les mêmes yeux qui voyaient leur lumière – puis j’ai pris congé en me demandant : quand me reviendront-ils ? ».

Bien qu’il finisse par récupérer, le 21 mars 1939, les volumes de Winchester House, ses inquiétudes quant à leur sécurité n’étaient pas sans fondement. La résidence Sassoon fut bombardée un soir pendant le Blitz et selon David, « rien dans la maison n’est resté intact ». Peu de temps après, le 7 octobre 1940, la famille déménagea au 15 Sollershott East à Letchworth, au nord de Londres, où David décéda le 10 août 1942. Sa bibliothèque est ensuite entrée en possession de son fils, Solomon David Sassoon, rabbin et militant communautaire à part entière, qui a modestement enrichi la collection et publié certains de ses manuscrits. Lui, sa femme Alice (Aliza Beyla; décédée en 1998) et leur famille ont immigré en Israël en 1970.

 

Qu’est-ce qu’un Codex ?

Un codex est un cahier formé de pages manuscrites en parchemin (peau d’animal – mouton, chèvre ou veau) reliées ensemble en forme de livre. Ancêtre du livre moderne, il s’est répandu dans le monde romain à partir du Iᵉʳ siècle, et a progressivement remplacé le rouleau de papyrus grâce à son faible encombrement, son coût modéré, sa maniabilité et la possibilité qu’il offre d’accéder directement à n’importe quelle partie du texte. Il s’impose définitivement au Vᵉ siècle, et inaugure l’histoire du livre.

 

Pourquoi le Codex Sassoon est-il si précieux ?

Le manuscrit, rédigé vers l’an 900, en Israël ou en Syrie, d’après les experts de Sotheby’s, contient les 24 livres du Tanakh, acronyme en hébreu pour Torah (Pentateuque) Nevi’im (prophètes) et Ketouvim (autres écrits). Seules 12 feuilles manquent. Une absence presque émouvante…

Selon une datation au carbone 14, le Codex Sassoon est plus vieux et plus complet que le Codex d’Alep, écrit en Galilée au Xe siècle et rapporté en Israël dans les années 1950 après avoir été retrouvé dans cette ville syrienne. Le manuscrit est également jugé antérieur au Codex de Leningrad, plus ancienne copie du texte de la Bible hébraïque subsistant dans son intégralité, et daté du début du XIe siècle.

Selon un ancien acte de vente, le codex Sassoon a été cédé en l’an 1000 et conservé dans la synagogue de Makisin dans le nord-est de la Syrie (aujourd’hui Markada) jusqu’à l’an 1400 environ. « Il disparaît ensuite pendant environ 500 ans, puis réapparaît en 1929 lorsqu’il est proposé à la vente à David Solomon Sassoon » explique Sharon Mintz, spécialiste des textes du judaïsme chez Sotheby’s.

 

Combien a-t-il été vendu et qui sont les acquéreurs ?

Acheté aux enchères à la mi-mai à New York pour 38,1 millions de dollars en quatre minutes, « entre deux acquéreurs déterminés », au siège de Sotheby’s à Manhattan, le codex a été acquis par l’ancien ambassadeur et philanthrope américain Alfred Moses et sa famille, « au profit des amis américains de l’ANU Musée du peuple juif », pour être donné à cette institution et entrer « dans sa collection de renommée mondiale ».

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