Comment parler du Baal Chem Tov, le Saint « maître du bon nom »…
Rappeler qu’il est le précurseur du Hassidisme dans son ensemble serait vrai mais si réducteur. Souligner qu’il a transformé le visage du judaïsme en affirmant qu’il existe un avant et un après Baal Chem Tov serait toujours vrai, mais encore une fois trop simple.
Les histoires légendaires concernant le Baal Chem Tov sont très souvent extraordinaires, incroyables au sens littéral, parfois à la limite de la crédibilité !
« Le Baal Chem Tov et les démons », « le Baal Chem Tov et le Machia’h », « le Baal Chem Tov et le Saint des Saints »…
Tant et tant d’histoires étonnantes, émouvantes, que selon la tradition Habad, toutes les histoires du Baal Chem Tov, même les plus invraisemblables, sont soit avérées, soit potentiellement vraies…
Qui était donc Rabbi Israël Baal Chem Tov ?
En quoi a-t-il bien pu révolutionner le judaïsme de son époque jusqu’à nos jours ?
Dès l’enfance, le Baal Chem Tov avait décidé de briser toutes les barrières.
Il est le premier, dans la ville de Medziboz (dans l’actuelle Ukraine) et à son époque (1700-1760), à avoir battu en brèche contre les élites juives du savoir et à avoir donné de l’importance aux petites gens qui ne savaient ni lire ni étudier la Torah, mais dont le cœur brûlait de s’attacher à Dieu.
Le joueur de flûte, qui n’avait que son instrument, que ses notes de musique, a pu, grâce au Becht, croire qu’il avait lui aussi droit de cité, qu’il pouvait réjouir Dieu, aussi « petit » et « insignifiant » soit-il.
De même, le berger, qui ne connaissait que le cri du coq, a pu croire qu’en imitant son cri, en y mettant tout son cœur, il pouvait dépasser les prières de ses voisins ; que le jeune enfant qui ne connaissait que le Alef Bet pouvait, sans même connaître le rituel de prières, réciter avec ferveur, de toute son âme, une à une, les lettres de cet alphabet et déchirer les cieux.
Loin de nous l’idée de dresser un portrait classique, une « biographie » du Becht, Rabbi Israël fils d’Eliezer et Sarah, de ce jeune enfant qui, à peine âgé de 5 ans, reçut en testament cet enseignement primordial de son père, Rabbi Eliezer, qui déclara à son fils avant de quitter ce monde : « N’aie peur de rien ni de personne à part de Dieu ».
C’est ainsi que, dans un judaïsme qui se sclérosait dans le monde ashkénaze du 18e siècle, le Baal Chem Tov vint dépoussiérer tout cela en prônant pour la première fois des valeurs nouvelles : l’amour de chacun, quel qu’il soit, la joie sans limite dans le service de Dieu, la Providence divine dans les moindres détails de la vie.
L’amour de chacun, « Ahavat Israël », cet amour inconditionnel, pour chacun et chacune d’entre nous : « Nous devons aimer l’autre, sans condition, celui que nous connaissons comme celui que nous rencontrons pour la première fois de notre vie » aimait-il à répéter.
La Joie : selon le juste, la joie est ce qui brise toute limite, toute entrave, dénoue tous les nœuds.
« Un jour que les Hassidim du Baal Chem Tov se lamentaient de constater que la pluie n’était pas tombée depuis bien trop longtemps, le maître leur dit “Avez-vous donc prié pour cela ?” », “Bien entendu, Maître !”, “Fort bien, mais avez-vous fait preuve de joie ?” leur répondit-il, “Comment pourrions-nous, justement, Maître ?”, demandèrent-ils incrédules.
Le Juste appela alors toute l’assemblée à former une grande ronde pour se mettre à danser. Quelques minutes à peine s’écoulèrent et la pluie de (tomber) »…
Le maître des paradoxes ?
Il était un immense érudit de la Torah : Talmud, Loi écrite et orale, Midrachim, ainsi que la partie ésotérique, celle qui ouvre les portes des secrets de la Kabbale.
Maître des paradoxes, grand maître vénéré et pourtant vêtu comme un paysan, capable du plus grand sérieux, mais tout autant capable de jouer à l’enfant et de sautiller comme un cabri.
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