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Emmanuel Moreno : la grandeur d’un héros

Né en France, à Paris, le 1er juin 1971, Emmanuel Moreno deviendra lieutenant-colonel d’une des plus prestigieuses unités au monde : la Sayeret Matkal, Commando de l’état-major de Tsahal, l’armée de défense d’Israël. Il est un des officiers voire l’officier ayant participé au plus grand nombre d’opérations secrètes de la Sayeret Matkal. Pour cette raison, aujourd’hui encore, 15 ans après être tombé au champ d’honneur, la publication de sa photo reste interdite.
Emmanuel Moreno : la grandeur d’un héros

En ces temps difficiles que traverse Israël, se révèle souvent la grandeur enfouie de notre peuple. En chacun de nous sommeille une étincelle qui ne demande qu’à s’exprimer. La rencontre avec des personnalités inspirantes nous aide à dévoiler le meilleur de nous-même.

Une veille de Yom Hazikaron, tard dans la nuit, j’ai eu le privilège de m’entretenir avec Ilan et Sylvia Moreno, les parents d’un des soldats les plus admirés et admirables d’Israël : Emmanuel Moreno, za »l. La simple mention du nom d’Emmanuel allume une étincelle d’admiration dans l’œil de chaque Israélien qui l’entend. Cet échange m’a profondément marqué et j’aimerais partager avec vous ne serait-ce que quelques étincelles de la flamme immense d’un héros d’Israël, mais aussi d’un Juste attaché à la Torah de tout son être, une personnalité qui inspira tout celui qui le côtoyait.

Né en France, à Paris, le 1er juin 71, Emmanuel Moreno deviendra lieutenant-colonel d’une des plus prestigieuses unités au monde : la Sayeret Matkal, Commando de l’état-major de Tsahal, l’armée de défense d’Israël. Un de ses amis a particulièrement bien résumé cela : « Tsahal est la meilleure armée du monde ; Sayeret Matkal est la meilleure unité de Tsahal ; notre équipe est la meilleure de l’unité et Emmanuel est le meilleur soldat de l’équipe. »

Il est un des officiers voire l’officier ayant participé au plus grand nombre d’opérations secrètes de la Sayeret Matkal. Pour cette raison, aujourd’hui encore, 15 ans après être tombé au champ d’honneur, la publication de sa photo reste interdite.

La famille Moreno monte en Israël en 1972. Emmanuel est alors tout juste âgé d’un an. Il grandit à Jérusalem et fait ses études aux lycées Himmelfarb et Hartman, tout en fréquentant le Bné Akiva local.

Dans une famille de cinq garçons, Emmanuel est le plus réservé, discret, toujours serviable. Toujours prêt à passer le balai ou faire du repassage, son premier titre glorieux sera celui de « Ich hamataté » — l’homme au balai !

Il est toujours présent pour aider les plus faibles. En Terminale, il est un des seuls élèves à accepter de faire du volontariat dans l’institut voisin pour handicapés mentaux. L’enfant qu’il « adopta » l’adore, et même des années plus tard, le serrait dans ses bras dès qu’il le voyait.

Il étudie à la yéchiva de l’implantation de Eli en Judée-Samarie tout juste fondée avant qu’il rejoigne l’armée. Son frère raconte qu’alors, une série de vols perturbe la vie de l’internat. Emmanuel et son frère décident de mettre fin au problème et d’arrêter le coupable. Pendant la prière de Roch Hachana, ils retournent dans les dortoirs et y trouvent un gamin du village en flagrant délit de vol. Celui-ci est terriblement honteux. Emmanuel lui parle et conclut un accord avec lui : le petit voleur rendra tout ce qui a été volé, s’engagera à ne plus jamais recommencer et à venir prier chaque jour à la synagogue. En échange, son nom ne sera jamais révélé, jusqu’à ce jour d’ailleurs. Heureux présage des méthodes originales « Moreno » pour régler les situations de crise.

À l’armée, il souhaite intégrer l’unité Golani mais sera choisi pour incorporer l’une des plus prestigieuses unités, le commando de l’état-major. Ne se voyant pas appartenir à une élite, ce n’est que sous la pression de son entourage et surtout celle de son maître qu’il accepte ce poste avec comme objectif d’être « l’ambassadeur de la Torah d’Israël ».

Lors de sa formation, il doit passer une semaine très spéciale avec à la clé une « opération secrète » où les soldats doivent atteindre un objectif sur une grande distance sans se faire repérer. Bien entendu, aucune nourriture ne leur est fournie et ils doivent se débrouiller avec les moyens du bord en volant et chapardant ce dont ils ont besoin. Emmanuel, qui se refuse à tordre le cou d’un poulet volé puisque la nourriture ne serait pas cachère et encore moins à voler quoi que ce soit, trouvera une solution ô combien originale. : puisque l’armée doit nourrir ses soldats, il partagera les réserves de l’officier ! Nous reconnaissons déjà les premières traces des nerfs d’acier qui feront sa légende, sa créativité surprenante, la fidélité à ses valeurs ainsi que son sens de l’humour !

Il gravit rapidement les échelons, participant à de très nombreuses opérations, toujours secrètes aujourd’hui, et obtient finalement le grade le plus élevé de la Sayeret Matkal : il est nommé lieutenant-colonel.

L’une des rares actions à laquelle il a participé et qui a été portée à la connaissance du public est l’opération « Okets Arsi » — « Dard venimeux » — en 1994. Durant une profonde incursion en territoire libanais, le commando devait capturer Mustapha Dirani en pleine nuit du Ramadan. Le but de l’opération est de retrouver la trace du navigateur Ron Arad, tombé en territoire ennemi 7 ans plus tôt et détenu prisonnier par Dirani. Lior Lothan, l’officier dirigeant la seconde équipe de l’assaut, raconte que lorsqu’ils arrivent à la chambre de la cible, Dirani sort son pistolet de sous son oreiller et sa femme, à moitié nue, hurle, mettant en péril tout le secret de l’opération. Pendant que Lothan se bat avec Dirani et l’élimine, Moreno met en œuvre ce qui sera enseigné plus tard comme « la méthode Emmanuel Moreno ». Alors que beaucoup auraient choisi de lui mettre une balle dans la tête pour faire taire cette femme afin qu’elle n’ameute pas tout le village armé jusqu’aux dents, Emmanuel use de psychologie : il lui apporte de quoi s’habiller et lui chuchote à l’oreille. La femme lui obéit. L’opération avait réussi sans aucune perte pour nos forces, même si les informations fournies par Dirani n’ont pas aidé à retrouver le pilote enlevé.

Les hélicoptères sont accueillis en grande pompe pour le succès de l’opération par le chef du Gouvernement et le chef d’état-major, avec un grand buffet, petits fours et champagne. On cherchera en vain l’officier Moreno : celui-ci est allé chercher une synagogue pour prier puisqu’il est déjà six heures du matin.

Lorsque le soldat Gilad Shalit est enlevé, Emmanuel est l’un des premiers à arriver sur les lieux, encore en civil. Après avoir enquêté sur toute la zone ennemie sans se faire repérer, il est arrêté par un jeune officier qui lui crie : « Dégage et va te mettre en uniforme ! » Emmanuel met son uniforme, mais comme c’est son habitude, sans ses grades ni galons. Voyant que les choses n’avancent pas assez vite, il se résigne et accroche ses barrettes de lieutenant-colonel. L’officier qui l’avait rabroué est terrifié par son erreur, mais son ami le rassure : « T’inquiète, c’est Emmanuel Moreno et, crois-moi, il se fiche pas mal de tout cela. »

Oved, nouvel incorporé dans la Sayeret Matkal, raconte qu’au début, il était persuadé que Moreno n’était pas son nom mais le surnom « Morénou » — « notre maître » —, car il était l’exemple de tous et savait donner à chacun l’impression qu’il était son égal.

La dernière opération que mènera ce soldat hors du commun a lieu le 19 août 2006 à Ba’albek, en plein territoire ennemi. L’opération est un succès mais, sur la route du retour, le commando affronte des tirs ennemis et Emmanuel y perdra la vie.

Il nous laisse, dans une espèce de testament, sa dernière conversation avec Stav, un ami du commando, quelques heures avant de monter dans l’hélicoptère.

Alors qu’ils examinent toutes les possibilités de l’opération, Emmanuel lui demande : « Que ferais-tu si un missile était tiré sur notre hélicoptère et qu’il ne nous restait que 5 secondes à vivre ? » Stav lui répond : « Je fermerai les yeux en espérant que cela se finisse le plus vite possible. » La réponse d’Emmanuel l’accompagne jusqu’à aujourd’hui : « S’il me reste 5 secondes à vivre, je dirais le Chéma Israël, l’acte de foi du Peuple Juif. S’il reste à quelqu’un 5 secondes à vivre et que ces 5 secondes sont pleines de sens et d’aspiration pour ce qui viendra après, alors c’est que sa vie entière a pris un sens. »

Emmanuel laisse sa femme Maya et ses trois enfants : Aviah, Neriah et Noam Israël. Mais surtout, il laisse un héritage spirituel d’une rare puissance, l’exemple même du soldat juif, le meilleur des soldats et en même temps profondément juif.

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