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Dis, raconte-moi une histoire…en hébreu

La littérature enfantine israélienne a beaucoup évolué depuis la création de l'État d'Israël jusqu'à aujourd'hui. La transformation principale a été le passage d’une littérature éducative, pédagogique à une littérature ludique sans véritable message. Seule différence, les livres pour enfants publiés dans le monde orthodoxe. Analyse et exemples.

La présence juive sur la terre d’Israël s’est maintenue tout au long des siècles sans interruption. On appelle « le Vieux Yichouv » l’ensemble des Juifs qui vivaient sous l’Empire ottoman avant 1880 et le « Nouveau Yichouv » celui qui prendra naissance avec la deuxième aliyah (1904-1914), population regroupant environ 40 000 personnes, dans leur majorité originaires d’Europe Orientale. Ils résidaient principalement dans les quatre villes saintes : Jérusalem, Hébron, Safed et Tibériade. Ils vivaient humblement même souvent dans la misère, mais ils avaient des livres. Des livres de Qodesh, des livres saints, bien sûr.

C’est vers les années 1840, que commence la publication originale de livres de littérature en hébreu avec quelques livres pour enfants.  À cette époque, des textes traduits du français, du russe, de l’allemand, du yiddish, mais aussi de l’arabe ont été retrouvés et publiés avec quelques manuels scolaires et des textes pédagogiques.. Plus tard, des auteurs connus tel qu’Éliézer Ben-Yehudah, David Yellin, Zeev Yavetz se donnent comme mission de raviver la langue hébraïque, ils écriront de manière prolifique pour tout lecteur, adultes et enfants, des romans, poésie et pièces de théâtre. Le premier livre de lecture pour enfants et adolescents d’Éliézer Ben-Yehudah et David Yellin, Mikra le-Yaldeï beneï Yisrael « Lectures pour les enfants d’Israël » voit le jour en 1887, bien avant la création de l’état d’Israël.

 

Éduquer une génération d’immigrants de tous les continents

Immigrants de première ou de deuxième génération, ils parlaient tous à la maison une autre langue que l’hébreu. Il fallait donc trouver le moyen de façonner un groupe cohésif, avec une action commune, en fond de caractère national, entre tous les immigrants qui venaient de ces différents pays. Ce moyen était la culture. Une culture basée sur la tradition juive et la langue hébraïque. Dans l’espoir que la nouvelle génération puisse se libérer du poids de l’immigration accroché à ses souliers, avec tous les traumatismes que cela comporte. Il fallait écrire de nouveaux livres adaptés à cette nouvelle génération. Le livre est souvent le premier objet culturel qui est mis dans les mains de l’enfant. La littérature pour la jeunesse hébraïsante naissait. En se familiarisant avec cette ’’nouvelle’’ langue hébraïque, sur des thèmes communs, issus de leur culture juive, cette jeune génération deviendra un agent socialisateur efficace.

La littérature, outil de construction de la nouvelle culture hébraïque, devient pédagogique et idéologique. L’enfant est perçu comme faisant partie d’un groupe à éduquer, à socialiser, jamais comme un être individuel avec ses rêves et ses espoirs. À  cette époque, personne n’a vraiment tenu compte de l’attente personnelle de l’enfant, on n’en parlait pas. Cette nouvelle littérature avait aussi pour  but d’atteindre les adultes à travers leurs enfants.

Ce nouveau répertoire pédagogique pénétrait les foyers, par le biais d’histoires à raconter, ou de poésies à apprendre par les enfants, ou même, de pièces de théâtre jouées dans le cadre scolaire. Ainsi, on éduquait les parents à travers les enfants.

La littérature enfantine en Israël apparaît dans les années 1883-1892

Les textes traduits constituaient une part importante de la littérature hébraïque pour enfants jusqu’à la fin du XIXe siècle. Ils existaient principalement sous forme de manuels scolaires ainsi que de textes pédagogiques. Les premiers auteurs en hébreu en Israël sont donc des enseignants, par conséquent, les écrits ont un caractère didactique et éducatif.

Malgré ces traductions, les livres sont rares, les enseignants se donnent comme missions d’écrire et de publier.

David Judelovitch, faisait partie des premiers enseignants dans l’école Habib dans la ville de Rishon Lezion. Le manque de livre scolaire en hébreu l’a poussé à en écrire, principalement en géographie. Il a également contribué au développement de la littérature ludique et instructive pour enfants. Yehuda Gerzovsky (Gur) et Eliezer Ben-Yehuda et Judelovitch ont travaillé dans le même but, ensemble ces trois écrivains ont édité le premier journal pour enfants en hébreu ‘’Olam Katan’’ publié en 1892.

Les premiers magazines illustrés voient le jour

Entre le début de la Première Guerre mondiale (1939), jusqu’à la création de l’État d’Israël (1948), la littérature la plus populaire chez les enfants, sont les journaux. En 1931, le premier journal pour enfants sort de l’imprimerie ‘’Dvar La Yeladim’’, plus tard ont suivi d’autres magazines tels que Mishmar Layeled (1945), Atsofé La Yeled (1947).

À tendance éducative, leurs messages étaient très idéalistes. L’approche étant malgré les différences, de présenter aux enfants un front uni qui refléterait l’ambition sociale nationale. Les journaux pour enfants constituaient un moyen de communication central avec leurs lecteurs. Des enfants juifs du monde extérieur les lisent et y écrivent. C’est ainsi que le lien entre les enfants du pays et les enfants de la diaspora se renforça également.

L’actualité expliquée aux enfants

Dès 1939, bien que s’adressant à des enfants, les journaux parlaient d’actualité, de cette période si intense en événements majeurs : la guerre contre les nazis, les déportations, l’angoisse concernant l’avenir des Juifs d’Europe, la situation sécuritaire en Israël avec l’avancée des forces à la frontière égyptienne, l’agrandissement du yishouv juif, la lutte contre les Britanniques, la rencontre avec les survivants de la Shoah, les opérations de la résistance (Mahtarot), la mise en place des mouvements hébreux, la résolution de l’ONU sur le partage de la terre le 29 novembre 1947, la guerre d’indépendance et finalement la création de l’État d’Israël. Des articles détaillés sur ces événements font la ’’Une’’ de chaque numéro. Les récits des survivants de la Shoah seront traduits, les comptes-rendus d’actualités seront écrits avec beaucoup d’empathie.

La nouvelle culture israélienne

Les magazines pour enfants sont donc devenus un média essentiel, puisqu’ils entraient dans les maisons, pour enrichir aussi leurs connaissances générales : musique, science, nature, histoire, art. Des auteurs connus, comme Lea Goldberg, Nahum Gutman, Haïm Nahman Bialik ou encore Shaul Tchernichovsky et Shay Agnon, ont contribué à l’écriture des journaux, ils y ont publié des histoires courtes et des poèmes, qui sont devenus des classiques et seront lus aux enfants et ce même de nos jours.

Le niveau même du langage utilisé à l’attention de l’enfant était élevé, autant que pour les adultes. La poésie était lyrique et pleine de pathos. La structure des poèmes était symétrique, les strophes carrées, le rythme constant, la rime ordonnée et organisée. La langue était riche en connotations et allusions bibliques et tirée de la Mishna, ainsi qu’en expressions figuratives et rhétoriques.

Écrire pour créer une nouvelle identité

Écrire en hébreu était considéré pleinement comme un acte sioniste, qui allait sans aucun doute forger l’identité de la jeune génération. Pour cette raison, le choix des sujets était particulièrement important, avec certains tabous, comme l’exil. Les sujets globalement mis en valeur étaient l’importance du travail des pionniers, la sécurité des frontières, l’engagement de chaque citoyen dans la création de l’État. Le nouvel ’’Hébreu’’ était né, le Tsabar. En 1951 est créé par le dessinateur Kariel Gardosh, un personnage qui sera la figure allégorique nationale d’Israël : Srulik. Srulik est un sioniste pionnier, un sabra, un agriculteur dévoué qui porte un bob typique, le « chapeau tembel », des sandales « bibliques » et un short kaki, mais en cas de besoin il enfile son uniforme pour défendre l’état d’Israël.

1950, le grand tournant

On va voir à cette période exploser des genres littéraires comme la littérature pour  adolescents. L’édition jeunesse occupe la deuxième place sur le marché de l’édition, juste après la littérature générale. C’est à partir de cette période que les chercheurs notent un changement radical dans la littérature pour enfants publiée. Elle n’est plus une littérature engagée et politique. L’ethos change, l’enfant n’est plus un agent de socialisation, il est un être innocent qui a sa place au sein de la famille et de la société. Les albums sont devenus des objets à la fois ludiques et créatifs. L’accent est mis sur les aspects esthétiques et psychologiques. Le livre permet non seulement de découvrir différentes manières de percevoir le monde qui nous entoure, de transmettre des valeurs, mais également d’aborder des questions universelles.

Le livre de T. Carmi, Shmoulikipod (Shmoulik hérisson) publié en 1955, en est un exemple parfait. Il raconte l’histoire de Gadi, un jeune garçon qui, étant malade, reste seul à la maison et va rencontrer un hérisson avec qui il se lie d’amitié. La représentation ainsi que le héros changent, on ne parle plus uniquement de jeune Israélien, Tsabar. Commencent même à apparaître des personnages de différentes origines et même des personnages féminins. Les auteurs commencent même à ne plus s’adresser aux enfants et aux adolescents de la même manière. Ils s’appellent David Grossman, Etgar Kerat, Shulamit Lapid, Amos Oz, Nurit Zarhi et ils n’écrivent plus les mêmes thèmes ; on parle moins de l’histoire du peuple juif ou des paysages d’Israël, la liste de sujets s’élargit,elle reste ancrée sur ce qui fait son fondement : raconter des histoires universelles à travers les genres phares que sont le roman,  les contes de fées ou le fantastique.

On va se pencher sur des préoccupations qui touchent plus la sphère privée telle que l’amitié, la peur, la solitude, l’aventure, les relations familiales, la conscience de soi. Les contes et les histoires deviennent un patrimoine travaillé par les auteurs et les artistes. Les artistes permettent aux contes une meilleure illustration de l’environnement. L’illustration va offrir une autre interprétation pour que  naisse un espace imaginaire qui est celui de l’enfant. Les illustrateurs israéliens commencent même à se démarquer par leurs talents, grâce auxquels ils ont aujourd’hui une renommée internationale.

L’essor des livres pour enfants du monde religieux

À partir des années 60, la littérature religieuse s’adressant aux enfants et aux adolescents va connaître un formidable essor. Le livre reste sacré et on y raconte les histoires de Sages, de Tsadikim et de Rabbins célèbres. Beaucoup de livres écrits jusque-là en yiddish sont traduits en hébreu et vont venir renforcer la collection de livres pour enfants et adolescents. On va même pouvoir trouver des livres laïcs sélectionnés soigneusement pour leur qualité et leur tsniout , leur sobriété. Avec tout de même, un contrôle sur le contenu et les images, si un mot ou un prénom ne paraissait pas convenable, il était barré au feutre noir et remplacé. Les illustrations, elles aussi, étaient modifiées ou barrées au feutre si elles pouvaient être choquantes pour les lecteurs.

Dès 1967, le public orthodoxe a son propre magazine pour enfants et adolescents ‘’Zarkor », un hebdomadaire avec deux sections consacrées. Il contenait des histoires, des poèmes, des cours de Torah et également des activités créatives et des jeux.

À partir des années 80, de plus en plus d’auteurs religieux contribuent à cet essor et écrivent de nouveaux récits pour les enfants tels que Yochaved Sax et Leah Fried. Menuha Fox, Menuha Beckerman, et d’autres ont également rejoint le cercle des écrivains.

Les enfants et les adolescents lisent-ils encore ?

Oui, vu l’essor que cette littérature a pris dans le pays. Aujourd’hui, le domaine de la littérature enfantine s’est considérablement étendu, les éditeurs proposant un choix toujours plus diversifié de formes de livres afin de répondre aux envies des enfants. Elle a également traversé de grands changements très rapidement. Elle s’est libérée de ses buts idéologiques et didactiques et permet à l’enfant une lecture plus ludique. La qualité du texte s’est adaptée à l’âge des lecteurs et traite de sujets qui intéressent les enfants à un stade particulier de leur développement. La littérature enfantine, lorsqu’elle est utilisée de manière adéquate, est un excellent moyen de soutenir l’enfant dans son développement cognitif et personnel. Les livres permettent non seulement de découvrir ses intérêts, mais également de mettre des mots sur ses émotions, d’enrichir son imagination et de l’aider à développer sa compréhension. La qualité de la littérature pour enfants en Israël est telle qu’aujourd’hui beaucoup de livres écrits en hébreu, sont traduits en plusieurs langues et publiés à l’international.

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