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Deux Écossaises à la synagogue !? Chasse au trésor dans la Gueniza du Caire !

On sait que les Britanniques, de façon générale, aiment l’originalité et que les Écossais, en particulier, se caractérisent par un caractère bien trempé. Mais là, tout de même, il en fallait une pleine dose de chaque ! Car comment comprendre sinon l’incursion de deux femmes, chrétiennes qui plus est, en cette fin du XIXe siècle, au sein de la mystérieuse et antique Gueniza du Caire, en Égypte ? Cette aventure singulière va, comme nous allons le voir, révolutionner nos connaissances dans de nombreux domaines du monde juif.
Deux Écossaises à la synagogue !? Chasse au trésor dans la Gueniza du Caire !

Le Caire, 1896

Agnès Smith Lewis (1843-1926) et sa sœur jumelle Margaret Dunlop Gibson (1843-1920) sont nées toutes deux à Irvine, en Écosse. Elles sont nées dans une famille presbytérienne, suffisamment libérale pour leur permettre de se lancer et même s’illustrer, bien qu’autodidactes, dans des études supérieures. Le fait en soi, à une époque où le statut de la femme est bien loin de ce que nous connaissons aujourd’hui, est déjà remarquable. Ce qui l’est encore plus, c’est leur domaine de prédilection : les langues anciennes, qui vont depuis le latin et le grec jusqu’à l’hébreu, l’araméen et l’arabe. Sans tenir compte des préjugés et des difficultés qu’on leur oppose dans leurs recherches, elles se font ainsi connaître et respecter dans l’univers de l’érudition ancienne. Et les voilà donc, en 1896, en voyage d’étude en Égypte. Elles entendent parler, dans le souk du Caire, des trésors accumulés depuis une dizaine de siècles dans la Gueniza (en l’occurrence, immense grenier où l’on entreposait des textes sacrés ou toutes sortes de documents liés à la vie juive) de la très ancienne synagogue Ben Ezra, dans le quartier juif de Fostat ; elles voient même quelques fragments de manuscrits qui s’y écoulent sous le manteau : certaines parties de la Gueniza, semble-t-il, avaient déjà été fouillées, par des Juifs de la communauté ou des marchands d’antiquités. Agnès et Margaret sont suffisamment érudites pour comprendre la valeur inestimable de ces manuscrits. Leur réputation scientifique, ainsi que leur respect affiché pour les Juifs et le judaïsme, a sans doute facilité la possibilité qui leur a été offerte d’accéder à l’échelle conduisant à ce mystérieux grenier dont, jusqu’alors, les Juifs locaux se tenaient respectueusement distants. Une aura de mystère et de crainte entourait en effet la Gueniza : certaines légendes et superstitions locales n’affirmaient-elles pas que quiconque s’y aventurerait serait passible d’un terrible châtiment divin ?

La découverte

C’est un spectacle incroyable qui s’offre alors à nos deux Écossaises : dans cet endroit retiré, sec et fermé, et qui offre donc des conditions idéales de conservation, des manuscrits de toute taille et de toute nature, rédigés dans de nombreuses langues orientales outre l’hébreu, l’araméen et l’arabe, s’entassent depuis près d’un millénaire, par dizaines de milliers, sans que personne n’ait songé, ou osé, les déplacer ou les consulter ! Le respect mêlé de crainte superstitieuse qui entourait cet endroit avait fait que les règles de conservation des textes religieux, ou portant le nom divin, s’étaient étendues à tout texte profane rédigé en hébreu : on y trouve même des listes de courses !
De retour en Grande-Bretagne, nos deux érudites se tournent vers leur ami, Solomon Schechter, professeur à l’Université de Cambridge. Cet universitaire de renommée internationale reconnaît rapidement, parmi les fragments qui lui sont montrés, des textes rares de Maïmonide. Conscient du caractère exceptionnel de cette découverte, il décide sur-le-champ de se rendre au Caire. On lui donne toute liberté d’accès au désormais célèbre grenier, et il s’y livre à un premier examen fouillé des trésors inimaginables qu’il y découvre : textes rares ou perdus, certains même inconnus, notamment de Maïmonide (un manuscrit au moins est écrit de sa propre main et porte sa signature), lettres privées ou commerciales, poésie juive andalouse, contrats de mariage (ketouboth), actes de divorce, cahiers d’enfants pour l’apprentissage de l’hébreu, etc. Schechter retourne à Cambridge, où il a fait transférer pas moins de 140 000 documents. Il s’y consacre avec ses collègues du monde entier à l’examen de ces trésors enfouis au long des siècles. Leurs travaux vont révolutionner l’étude et la compréhension du judaïsme médiéval (vie quotidienne, pratiques religieuses et juridiques, relations avec musulmans et chrétiens), l’histoire des communautés juives orientales et des échanges interculturels autour de la Méditerranée.
De nos jours, on estime que ce ne sont pas moins de 200 000 documents qui se trouvent à Cambridge ou dans d’autres universités du monde, où l’on poursuit sans relâche leur examen, pour continuer à verser une lumière précieuse sur l’histoire et la culture du peuple juif.

Une lumière venue de l’Orient, des textes reviennent à la vie

On pourrait longuement épiloguer sur l’aventure véritablement extraordinaire de ces deux érudites écossaises et de leur ami Solomon Schechter. Ils auront été, à l’évidence, les émissaires providentiels chargés d’offrir au monde juif un trésor millénaire. Et l’on peut même dire que, si la notion de résurrection fait partie des croyances fondamentales du peuple d’Israël, cette découverte exceptionnelle vient nous en donner comme un avant-goût, dans le retour à la vie de textes séculaires, livrés à un profond sommeil durant de longs siècles.

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