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Israël derrière l’assassinat de Kennedy ?

L’antisémitisme qui paraissait en sommeil aux États-Unis depuis une cinquantaine d’années a encore de beaux jours en perspective, et pas uniquement dans les universités. Et où les accusations ne vont-elles pas se nicher ! Le 22 novembre 1963, John Fitzgerald Kennedy, le plus jeune président des États-Unis, est assassiné lors d’une visite à Dallas. Les enquêtes officielles déterminent la culpabilité de Lee Harvey Oswald, qui sera lui-même assassiné moins de quarante-huit heures après son arrestation. Bizarre. Mais affaire classée.
John Fitzgerald Kennedy et David Ben Gourion

Oui mais… une affaire classée est faite pour être déclassée au bout d’un certain nombre d’années. Et le 18 mars 2025, les États-Unis ont publié les dernières archives de l’assassinat du président Kennedy1https://www.washingtonpost.com/nation/2025/03/18/expected-jfk-files-release-assassination/, comme l’avait promis Donald Trump2https://www.franceinfo.fr/monde/usa/presidentielle/donald-trump/donald-trump-signe-un-decret-pour-declassifier-les-archives-sur-les-assassinats-de-jfk-et-martin-luther-king_7032974.html.

Les spéculations vont très vite s’emballer. Entre autres, vous l’aurez bien sûr deviné, c’est évidemment la machiavélique « entité sioniste » qui va se voir accusée d’être derrière cet assassinat.

 

Les motifs ?

C’est tout simple. Le site nucléaire de Dimona, en Israël, avait éveillé la méfiance de Kennedy, qui avait fait pression sur Ben Gourion pour être autorisé à des inspections périodiques, dans le cadre de sa politique d’anti-prolifération de la force atomique. Ce que voyant, Israël aurait utilisé ses connexions toujours nombreuses pour planifier l’assassinat en règle de cet empêcheur de fissionner en rond. CQFD.

Le motif paraît plutôt faible. Kennedy ne visait en fait pas particulièrement Israël. Dans un discours mémorable à l’université de Washington, il s’était exprimé de façon beaucoup plus globale sur les dangers du nucléaire : « Par-dessus tout, tout en défendant nos propres intérêts vitaux, les puissances nucléaires doivent éviter les affrontements qui amènent un adversaire à choisir entre une retraite humiliante ou une guerre nucléaire. Adopter ce genre de solution à l’ère nucléaire ne serait que la preuve de la faillite de notre politique – ou d’un désir collectif de mort du monde. » Suivez mon regard. Par ailleurs, on doit préciser que Kennedy avait toujours soutenu Israël, et avait même été le premier président américain à lui vendre des armes, y compris des missiles sol-air. Assassiner un ami d’Israël à cause d’un simple désagrément paraît vraiment un peu infantile.

 

Les « preuves » de la conjuration

 Aucune révélation saillante n’émerge, pour le moment, des milliers de fiches mises à disposition sur le site des archives. Mais des internautes semblent, eux, en avoir trouvé : « Bon, point d’étape sur le déballage de l’assassinat de JFK : les documents confirment que c’était une opération israélienne pour se débarrasser de Kennedy et le remplacer par Lyndon Johnson [alors vice-président des États-Unis] à la Maison-Blanche », écrit un utilisateur de Facebook.

Ah bon ? Alors voyons comment ces internautes ont forgé leur argumentaire.

Dans un certain dossier, on trouve une conversation entre un Égyptien et un Saoudien qui subodorent qu’Israël doit probablement être à la source du tragique assassinat. Il s’agit en fait tout au plus d’un rapport concernant des rumeurs issues d’une source douteuse au Proche-Orient.

La démarche est toute simple : on prend une rumeur que personne n’a pris la peine de vérifier, mais qui a été découverte dans un endroit a priori crédible (les fichiers de la CIA). Ça s’appelle du blanchiment d’information, en analogie avec le blanchiment d’argent, et cela consiste à faire passer de fausses informations par des créneaux apparemment crédibles, pour leur donner une apparence de légitimité ou de véracité.

Dans certains fichiers rendus publics en 2025, une note interne datant de 1954 évoque un officier de la CIA et chef du bureau israélien, nommé James Angleton. On y trouve la phrase suspecte suivante : « Pour rappel, le dossier de contrôle a été créé pour nous permettre de suivre de près notre liaison avec Angleton sur diverses questions qui n’étaient pas signalées par les canaux normaux de la CIA. Les directeurs de la CIA ont permis à Angleton de gérer plusieurs projets de renseignement, dont un grand nombre avec les services de renseignement israéliens. » Aucune mention d’un possible assassinat de Kennedy, qui d’ailleurs n’a eu lien qu’une dizaine d’années plus tard.

Alors pourquoi s’y intéresser ? Parce que la CIA a mis les mots « renseignements israéliens » entre crochets, ce qui vise à protéger des informations sensibles tout en gardant le document lisible. Simplement, lesdits crochets apparaissent aussi pour toutes sortes d’autres noms et codes, et ne signalent aucun projet de se débarrasser de Kennedy.

Il y a un autre fichier qui contient une citation d’un certain commerçant en armes cubain anti-Castro du nom de Homer S. Echevarria, dans une conversation avec Thomas Mosley, informateur du gouvernement. Il s’agissait d’une vente de mitrailleuses. Au cours de la transaction, Echevarria a déclaré que « nous avons maintenant beaucoup d’argent – nos nouveaux bailleurs de fonds sont des Juifs » et que l’accord d’armement serait conclus « dès que nous [ou ils] prendrons soin de Kennedy ». Or, dès le lendemain, Kennedy était assassiné à Dallas ! Là, cela devient vraiment suspect, et le FBI se met à enquêter. Mais cette enquête n’a jamais permis d’établir un lien quelconque entre cette déclaration et l’assassinat du président. Il est intéressant de noter qu’un des agents secrets a tout simplement conclus qu’Echevarria n’était qu’un hâbleur impeénitent.

On pourrait multiplier les exemples. On ne trouve aucune preuve, aucune liste de noms. Mais quand on tient déjà le coupable, qu’a-t-on besoin de toutes ces bagatelles ? Il suffit de sortir les documents de leur contexte pour y trouver a posteriori des preuves irréfutables. Cela rappelle cette parabole du Maguid de Dubno qui avait demandé à un enfant extraordinairement habile au tir à l’arc comment il faisait pour viser aussi bien. L’enfant avait répondu : « Je tire la flèche d’abord, ensuite je dessine la cible autour. »

 

Intervention des médias

En 1960, peu après le meurtre, toutes sortes de théories ont fleuri mettant en jeu la CIA, la mafia, les Cubains ou Lyndon Johnson. Mais l’apparition récente de la théorie antisioniste paraît liée au fonctionnement des médias sociaux qui facilitent énormément la propagation de n’importe quel mensonge. Et particulièrement, comme l’actualité nous le démontre, tout ce qui touche à un prétendu « complot sioniste » ou aux « lobbys juifs ». Cette tactique du « Big Lie » (associée historiquement à la propagande nazie) consiste à propager une affaire de fabulation tellement énorme que les gens finissent par la croire, car ils pensent que personne ne pourrait se permettre d’inventer un tel mensonge. Sans compter que plus une affirmation est lue, plus elle est un signe de succès, ce qui contribue à sa propagation.

Ce phénomène, comme nous le constatons dans la « guerre des images » à laquelle Israël est confronté, n’est pas facile à combattre. Les mensonges et la propagande circulent en toute liberté, et l’éducation est probablement le meilleur moyen d’espérer les neutraliser.

Les accusations impliquant Israël dans l’assassinat du président Kennedy relèvent moins de l’enquête rigoureuse que du conspirationnisme politique. À ce jour, aucune preuve crédible, aucun document officiel ou témoignage vérifié ne viennent étayer une telle thèse éminemment complotiste. Si la période du drame de Dallas était effectivement marquée par des tensions géopolitiques complexes — notamment autour du programme nucléaire de Dimona —, en faire le mobile d’un complot israélien n’a tout simplement aucun fondement. Ces récits ne sont autre chose que le triste fruit de motivations antisémites, ravivées ces dernières années en Amérique et dans le monde entier.

 

« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose »

(Francis Bacon)

 

  • 1
    https://www.washingtonpost.com/nation/2025/03/18/expected-jfk-files-release-assassination/
  • 2
    https://www.franceinfo.fr/monde/usa/presidentielle/donald-trump/donald-trump-signe-un-decret-pour-declassifier-les-archives-sur-les-assassinats-de-jfk-et-martin-luther-king_7032974.html

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